Londres (awp/afp) - Fort des bons résultats de Sky, James Murdoch a été réélu jeudi à la présidence du groupe britannique de télévision, sans dissiper le malaise de certains actionnaires face à l'ambition du géant américain Fox de s'en emparer.

Lors d'une assemblée générale des actionnaires qui s'est déroulée à Isleworth (ouest de Londres) au siège de l'entreprise aux airs de campus flambant neuf, M. Murdoch a recueilli 78% des voix, davantage que les 72% obtenus l'an passé.

Sous une lumière bleue tamisée, le directeur général du groupe Jeremy Darroch a cherché à rassurer, essayant de répondre avec calme à des questions posées avec énergie, tandis que M. Murdoch restait muet.

Plusieurs porteurs de titres ont fait part de leur inquiétude face à la position singulière de M. Murdoch, qui est aussi directeur général du groupe de cinéma et de télévision 21st Century Fox du magnat Rupert Murdoch, père de James.

Premier actionnaire de Sky, Fox a déposé 15 milliards de dollars sur la table (12,8 milliards d'euros) pour acquérir les 61% des parts qu'il ne possède pas encore dans le groupe britannique.

"Le conseil d'administration manque d'indépendance car trois de ses membres sont liés à Fox", dont James Murdoch, a dénoncé pendant la réunion l'actionnaire Hugh Lawson, jugeant que Fox avait obtenu en conséquence "un accord préférentiel".

Cette tentative d'acquisition fait l'objet d'une enquête au Royaume-Uni, sur fond d'inquiétude pour la pluralité des médias, où Sky émet entre autres la chaîne d'informations Sky News. La famille Murdoch y possède déjà les quotidiens à grand tirage The Times et The Sun, via son autre entité News Corp.

Un salarié et petit actionnaire a fait part à l'AFP après la réunion de ses "sentiments contrastés à propos du rachat". Il espère que cette société conservera sa culture propre: "On veut pas hériter de la marque Fox, on veut pas de leurs scandales ici".

La chaîne américaine Fox News, soutien du président Donald Trump, a été frappée ces derniers mois par des scandales de harcèlements sexuels autour de plusieurs dirigeants.

- Coûteux droits du foot -

Avant les passes d'armes de son assemblée générale, le groupe avait adopté un ton résolument optimiste en publiant en début de matinée ses résultats du premier trimestre de son exercice comptable 2017-2018.

M. Darroch s'est réjoui, dans un communiqué, d'"un bon début d'exercice comptable, avec une croissance des revenus solides et d'excellents progrès du bénéfice", même s'il a fait état d'un marché publicitaire difficile au Royaume-Uni.

Le bénéfice brut d'exploitation (Ebitda) a grimpé de 11%, à 582 millions de livres (650 millions d'euros), entre le 1er juillet et le 30 septembre.

Le groupe a souligné avoir maintenu stables ses coûts opérationnels, bien qu'il ait dû débourser davantage pour diffuser du football, notamment la Premier League au Royaume-Uni et la Bundesliga en Allemagne. Il est aussi pourtant en train d'augmenter de 25% son investissement dans des productions de fiction originales, afin de contrer l'essor de concurrents dans le streaming comme Netflix et Amazon.

Le chiffre d'affaires de Sky a augmenté pour sa part de 5%, à 3,296 milliards de livres (3,675 milliards d'euros).

Présent principalement dans cinq pays (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne, Autriche et Italie), le groupe s'est félicité d'avoir gagné 160.000 nouveaux clients, attirés entre autres par les roulements de tambours autour de la sortie de la septième saison de la série à succès "Game of Thrones", dont elle dispose des droits de diffusion dans ces pays.

Cette croissance a été alimentée pour plus de la moitié par l'activité en Allemagne et en Autriche, le reste au Royaume-Uni et en Irlande.

Le groupe a aussi mis en avant l'augmentation des souscriptions aux diverses offres qu'il commercialise (télévision, connexion internet, streaming, téléphonie fixe, et même mobile pour le Royaume-Uni).

afp/rp