Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Après une année noire en 2016, les introductions en Bourse (IPO) de sociétés technologiques américaines ont trouvé un nouvel élan depuis le 1er janvier. Au cours du seul deuxième trimestre, 12 entreprises technologiques ont fait leurs premiers pas à la Bourse de New York, du jamais vu depuis deux ans, selon les données de la banque d'investissement Renaissance Capital. Ce chiffre est en outre trois fois supérieur aux quatre IPO technologiques enregistrées tant sur les trois premiers mois de l'année 2017 qu'au deuxième trimestre 2016. Au total, 16 sociétés technologiques ont tenté l'aventure de Wall Street au premier semestre 2017, levant un montant global de 5,6 milliards de dollars.

Cette somme est supérieure aux 4 milliards de dollars récoltés sur l'ensemble de 2016 par les 26 entreprises technologiques qui avaient fait le pari de la Bourse l'an dernier. Une année qui s'était avérée comme la pire depuis 2009 sur le front des entrées en Bourse dans le secteur technologique aux Etats-Unis, d'après Dealogic. Cette frilosité avait été la conséquence des turbulences des marchés boursiers au début de l'année 2016, puis des incertitudes liées au résultat du référendum sur le Brexit, en juin, et à l'issue de l'élection présidentielle américaine, en novembre.

En 2017, la donne a bien changé, avec un Nasdaq qui a enchaîné les plus hauts historiques ces derniers mois, au point d'afficher un bond de 16% depuis le début de l'année. Cette performance vaut à l'indice à dominante technologique de se payer 22 fois les bénéfices estimés pour les 12 prochains mois, d'après le fournisseur de données financières FactSet. A titre de comparaison, l'indice élargi S&P 500 se traite sur la base d'un multiple jugé déjà élevé de 17,3.

Revers de fortune pour Snap

Cette valorisation du Nasdaq a conduit nombre de sociétés technologiques à se risquer en Bourse au lieu de continuer à privilégier les tours de table privés pour lever des fonds. La plus emblématique d'entre elles est Snap (>> Snap Inc), l'éditeur de l'application de messagerie SnapChat, entré en Bourse le 1er mars sur la base d'une valorisation de l'ordre de 20 milliards de dollars. Mais Snap a depuis subi un revers de fortune, alimenté notamment par la première présentation publique de ses résultats trimestriels, qui ont révélé une perte plus lourde qu'attendu. Lundi, le cours de Bourse est tombé en dessous de son prix d'introduction de 17 dollars pour la première fois depuis le début de sa cotation. Le titre a clôturé mercredi en baisse de 1,49%, à 15,24 dollars.

La récente mésaventure de Blue Apron (>> Blue Apron Holdings Inc) vient également ternir le tableau du marché américain des IPO dans le secteur technologique. Cette société spécialisée dans la réservation en ligne d'ingrédients et de recettes pour la préparation de repas livrés à domicile a dû se contenter d'entrer en Bourse au prix de 10 dollars l'action le 29 juin, faute d'une demande suffisante de la part des investisseurs. Blue Apron visait initialement une fourchette de 15 dollars à 17 dollars. L'action valait 7,56 dollars à la clôture de mercredi, un cours nettement inférieur à son prix d'introduction.

Pour autant, neuf des 12 valeurs technologiques entrées en Bourse au deuxième trimestre cotent actuellement au-dessus du prix auquel elles ont fait leurs débuts sur le marché, selon Renaissance Capital.

"Les investisseurs s'enthousiasment de nouveau pour les perspectives de croissance à court terme (des valeurs technologiques) en dépit de leurs résultats déficitaires, mais à condition que les IPO s'effectuent à un prix approprié", explique la banque d'investissement. Une sélectivité saine, loin des investissements à l'aveugle qui avaient provoqué la bulle technologique des années 2000, puis son éclatement.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : VLV

Valeurs citées dans l'article : Blue Apron Holdings Inc, Snap Inc