Paris (awp/afp) - BNP Paribas et Société Générale, poids lourds du secteur bancaire français, ont fait les frais au premier trimestre d'un ralentissement de leurs activités de marché mais ont revendiqué des progrès en banques de détail, fragilisées de longue date par les taux bas.

Les deux groupes ont rencontré des difficultés similaires: un enchérissement de l'euro face au dollar, qui réduit après conversion la taille du chiffre d'affaires réalisé à l'étranger, doublé d'une activité déprimée dans le courtage malgré les turbulences boursières du début d'année.

Chez BNP Paribas, la banque de financement et d'investissement (BFI), où sont gérées les activités de marchés, a essuyé une baisse de 15% du résultat brut d'exploitation, tandis que les recettes ont fondu de presque 10%.

La banque de la rue d'Antin a été notamment pénalisée par un recul marqué de ses performances dans le négoce de produits de taux fixes, des devises et des matières premières en Europe, en lien avec un regain de volatilité en milieu de trimestre qui a profité à d'autres supports comme les actions.

"L'activité de la clientèle sur les taux et le change a été faible ce trimestre et le marché primaire peu actif en Europe", a expliqué le groupe dans un communiqué.

Du côté de Société Générale, les recettes des activités de marché et services aux investisseurs se sont dégradées de presque 20%.

"Les changes jouent, quand vous avez des revenus en dollars, que vous les convertissez en euros et que le dollar s'est affaibli, ça fait moins d'euros à la fin. Et ça, ça touche notamment les activités de marché" dont beaucoup sont réalisées en dollars, a expliqué vendredi Frédéric Oudéa, le directeur général de Société Générale, sur BFM Business.

"Sur les marchés, nous avons eu un trimestre très bizarre, très fort contraste d'une géographie à l'autre, très fort contraste d'une activité à l'autre", a poursuivi le dirigeant.

- "Un peu mou" en Europe -

De fait, les activités aux Etats-Unis ou sur les marchés d'actions ont généré beaucoup de recettes durant ce trimestre, ce qui a notamment profité aux principales banques américaines comme JPMorgan ou Goldman Sachs.

Or "notre business modèle c'est d'être un peu moins exposé à ces activités-là par rapport à ce qu'on fait sur l'Europe. Et sur l'Europe c'était plutôt un peu mou", a ajouté M. Oudéa.

Les deux banques mettent également en avant le fait que le premier trimestre 2017 s'était traduit par des performances sans précédent sur les marchés. Conséquence, les activités d'investissement du premier trimestre 2018 apparaissent moins bonnes qu'elles ne le sont réellement, font-elles valoir.

Ces annonces n'en ont pas moins été sévèrement reçues par les investisseurs: à la Bourse de Paris, l'action BNP Paribas perdait près de 2%, et Société Générale plus de 5% vendredi à la mi-journée, sur un marché globalement à l'équilibre.

Parmi les meilleures nouvelles, les deux banques ont fait état d'une stabilisation des recettes dans leurs banques de détail, mises à rude épreuve ces dernières années par l'environnement de taux bas qui complique la tâche de faire fructifier les dépôts des clients et incite les emprunteurs à renégocier à la baisse le tarif des crédit.

Chez BNP Paribas, la division "Domestic markets", qui regroupe notamment les réseaux de détail en France, en Italie et en Belgique, le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires a progressé de 0,4%, au prix d'une politique commerciale très offensive.

De son côté, Société Générale a limité le repli du chiffre d'affaires à 0,7%.

"Pour les crédits immobiliers, la forte baisse constatée depuis juin 2017 des renégociations et remboursements se confirme", s'est félicité BNP Paribas.

Il n'en reste pas moins que les difficultés vont persister.

La vague des renégociations passées s'est certes traduite par des commissions ponctuelles qui ont gonflé les comptes. Mais à plus long terme, elles ont dégradé le taux d'intérêt moyen du portefeuille de prêts immobiliers des banques, qui devront par ricochet compter avec des recettes en moins dans ce secteur ces prochaines années.

"On a énormément souffert et on continue un peu à souffrir de taux bas", a martelé M. Oudéa, estimant que "la remontée des taux (serait) très progressive".

afp/rp