Zurich (awp) - La Suisse va connaître en 2016 une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,3%, selon les prévisions de Société Générale Private Banking (Suisse). L'économie helvétique devrait progresser à un rythme plus soutenu en 2017, avec une croissance de 1,7%. Ces prévisions ne prennent pas en compte un éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), à laquelle la banque privée genevoise ne croit pas.

"Nous constatons une nouvelle fois que la robustesse du modèle économique suisse fait ses preuves dans (les) moments difficiles", a indiqué jeudi à AWP Alan Mudie, directeur des investissements (CIO) de la banque privée genevoise. Globalement optimiste sur l'évolution de l'économie suisse, le CIO met toutefois en garde contre la faiblesse de la demande et des échanges commerciaux internationaux, qualifiés de "facteurs de frein".

Sur le front des taux de change, les spécialistes de Société Générale PB placent la paire EUR/CHF à 1,12 dans un horizon de six mois et à 1,16 dans une année. "Nos pronostics sont assez mesurés", a souligné Xavier Denis, stratégiste senior, lors d'un événement médias à Zurich.

L'introduction des taux négatifs par la Banque nationale suisse (BNS) a eu un effet dissuasif et permis de contrebalancer les pressions haussières sur le franc. Les instruments de politique monétaire employés par l'institut d'émission se sont révélés "plutôt efficaces", selon M. Denis. "Ce n'est pas sans difficultés pour les banques de la place", a-t-il toutefois glissé, faisant allusion aux coûts engendrés par les taux négatifs appliqués aux dépôts à vue.

Au niveau politique, la Confédération et l'Union européenne ont les moyens de trouver un modus vivendi au sujet de l'application de l'initiative dite "contre l'immigration de masse", a affirmé M. Mudie. "La Suisse a quelques cartes en main. Il est encore envisageable qu'un accord acceptable pour les deux parties puisse être trouvé dans le cadre des négociations", a considéré le CIO.

CROISSANCE MONDIALE "MOLLE"

La conjoncture mondiale connaît elle un "environnement de croissance molle" qui va demeurer un certain moment, selon la formule de Xavier Denis. L'investissement constitue l'élément manquant du cycle économique actuel, a-t-il déploré. La consommation l'a remplacé en qualité de locomotive.

M. Denis constate par ailleurs que beaucoup d'actifs financiers sont relativement chers, une situation qui ne favorise pas l'investissement sur les marchés.

Les spécialistes de Société Générale PB ne se départissent pas de leur optimisme vis-à-vis des économies américaine et européenne. La banque privée a d'ailleurs relevé ses prévisions de croissance 2016 pour la zone euro à 1,6%, contre 1,3% auparavant. La santé affichée par le marché commun constitue une "belle surprise" et s'explique par les effets de la politique monétaire expansive de la Banque centrale européenne.

L'établissement genevois prévoit une seule et unique hausse de taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) cette année. Les probabilités d'un relèvement en juillet s'élèvent à 10-15%. Du côté des matières premières, le prix du baril devrait se fixer entre 40 et 50 USD d'ici la fin de l'année.

Sur la base de ces éléments et de la volatilité qui prévaut sur les marchés, le gestionnaire de fortune privilégie les stratégies "longue/courte actions" et "arbitrage des fusions" ainsi que les thématiques d'investissement long terme et la diversification défensive des portefeuilles.

A ce titre, Alan Mudie insiste sur deux grandes tendances qui pourraient offrir des opportunités dans quelques années, à savoir le vieillissement de la population et son impact sur le secteur de la santé mais aussi la transition vers l'efficacité énergétique qui implique un développement des entreprises actives dans les énergies vertes.

fr/al