Paris (awp/afp) - Société Générale baissait fortement en Bourse vendredi après l'annonce d'une baisse plus marquée que prévu de son bénéfice trimestriel, subissant la placidité des marchés et inscrivant une importante provision pour des litiges qu'elle espère vite solder aux Etats-Unis.

Au troisième trimestre, le bénéfice net part du groupe s'est établi à 932 millions d'euros, soit un recul de 15,2% par rapport à la même époque de 2016, alors que les analystes tablaient sur 1,07 milliard d'euros, d'après un consensus compilé par le fournisseur de données Factset.

Equivalent du chiffre d'affaires, le produit net bancaire déçoit également avec une baisse de 0,9% à 5,96 milliards d'euros, alors que les analystes tablaient sur une reprise à 6,04 milliards.

Conséquence en Bourse, le titre Société Générale perdait 3,25% à 46,10 euros vers 10h00 à Paris.

Ces résultats "reflètent un environnement contrasté", a résumé Frédéric Oudéa, directeur général de Société Générale, lors d'une conférence de presse, soulignant "une baisse des revenus et des activités commerciales dans les activités de marché".

"Nous restons très confiants", a-t-il assuré, renvoyant au vaste plan stratégique prévu par le groupe pour fin novembre.

De fait, les résultats moroses du groupe s'expliquent notamment par une forte baisse des recettes dans ses activités de marchés, où il perd quelque 15% sur un an.

C'est la volatilité "historiquement faible" des marchés que met en avant Société Générale pour expliquer cette chute, rappelant que la même période de 2016 était marquée par les suites immédiates du Brexit.

A titre de comparaison, le grand concurrent de Société Générale, BNP Paribas, avait également annoncé en début de semaine un déclin trimestriel de ses activités de marchés, mais de façon moins marquée.

Les recettes baissent aussi dans la banque de détail en France, déprimées par le très bas niveau des taux, qui complique la tâche de faire fructifier l'argent des déposants et incite les emprunteurs à renégocier plus favorablement leurs crédits.

Dans ce contexte défavorable, le groupe insiste sur les facteurs positifs: une progression des commissions engrangées, ainsi que l'excellente dynamique de sa banque en ligne Boursorama au moment où celle-ci va être confrontée à la concurrence d'un nouvel acteur de poids avec Orange Bank.

"On a des modèles aujourd'hui très différents quand on parle de banques mobiles", a commenté M. Oudéa. "Boursorama, c'est la banque qui offre vraiment la totalité du spectre de services. (...) Orange commence avec une offre relativement limitée."

- Solvabilité maintenue -

Autre poids sur le bénéfice: alors que le coût du risque diminue dans les trois grandes branches du groupe, il est alourdi au niveau général par une nouvelle provision d'environ 300 millions d'euros pour litiges.

Société Générale espère en régler deux "d'ici quelques semaines ou quelques mois" aux Etats-Unis: manipulations du Libor et volet pénal de son litige avec le fonds souverain libyen (LIA), instruit par la justice américaine.

Le groupe négocie avec la CFTC, régulateur américain des marchés de produits dérivés, et le département de la Justice (DoJ).

Mais Société Générale s'abstient de donner tout calendrier sur son troisième gros litige américain, qui met en jeu le Trésor et concerne la violation supposée d'embargos.

Parmi les éléments encourageants sur l'ensemble de l'activité du groupe, son bénéfice brut d'exploitation, gage de rentabilité, s'établit à 1,96 milliard d'euros, en légère baisse mais mieux que les 1,91 milliard prévus par les analystes.

Le groupe continue par ailleurs à signer de bonnes performances dans sa troisième branche, catégorie "fourre-tout" qui compte ses activités de banque de détail à l'international, d'assurances et de services aux entreprises.

Sur le premier plan, Société Générale bénéficie d'une croissance solide des crédits en Russie et en Afrique, tandis que dans l'assurance, elle profite des suites de l'acquisition d'Antarius. L'ensemble de la branche enregistre une hausse des recettes.

Sur la solvabilité, le ratio de fonds propres "durs" du groupe, indicateur essentiel du secteur bancaire, a atteint 11,7% à fin septembre, comme fin juin. Il représente les ressources dont dispose la banque, proportionnellement à ses engagements, pour affronter les coups durs.

afp/rp