Solocal (-0,18% à 1,140 euro) se replie légèrement à la Bourse de Paris au lendemain d'une assemblée générale qui renforce l'incertitude pesant sur sa gouvernance. A l'occasion de cette réunion d'actionnaires, le président du Conseil d'administration du groupe, Robert de Metz, a annoncé son départ pour le 5 septembre au plus tard. Il restera comme censeur au sein du Conseil d'administration de Solocal jusqu'au 31 décembre afin d'aider à la transition avec la future équipe dirigeante de l'ancien annuairiste.

Le départ de Robert de Metz est annoncé une semaine après celui du directeur général de Solocal, Jean-Pierre Rémy. Les deux hommes, qui ont mené une restructuration éprouvante en fin d'année dernière, cristallisaient depuis plusieurs mois la colère de plusieurs actionnaires. Une partie de ces porteurs de titres Solocal ont d'ailleurs déposé hier, pour la troisième fois consécutive, une résolution demandant la révocation de Robert de Metz.

Même si cette dernière a été rejetée à plus de 70% par l'assemblée générale, les opposants au président du Conseil d'administration ont tout de même eu gain de cause. "J'ai réfléchi à la situation et considéré que je ne me sentais pas de repartir pour un nouveau cycle à la tête de la société après la restructuration et le départ de Jean-Pierre Rémy", explique Robert de Metz lors d'un entretien à AOF. Avant d'ajouter : "Des grands actionnaires m'ont fait savoir qu'ils seraient contents de renouveler l'ensemble de la gouvernance après le départ de Jean-Pierre Rémy".

Des actionnaires institutionnels à la manœuvre

Selon plusieurs sources proches du dossier, des actionnaires institutionnels représentant 20 à 25% du capital ont en effet menacé le président de voter sa révocation s'il ne partait pas de son plein gré. Certains évoquent une intervention en ce sens d'Edram ou DNCA, qui détenaient respectivement 6,1% et 5% du capital de Solocal à fin décembre 2016. Contactés par AOF, aucun des deux n'a voulu commenter les résultats de l'assemblée générale.

D'autres sources verraient bien les ex-créanciers Amber et Monarch, devenus actionnaires à l'occasion de l'augmentation de capital du début d'année, derrière ce changement de gouvernance. Selon un avis de l'AMF du 27 mars, le premier détenait à cette date 1,77% du capital de Solocal et le second 1,16%.

Le Conseil d'administration renouvelé en profondeur

Outre la personnalité de Robert de Metz, l'assemblée générale a entériné la montée en puissance des nouveaux actionnaires étant entrés au capital à l'occasion de la restructuration financière, en l'occurrence les fonds Amar et Nobel (Weinberg Capital). Le premier détient environ 2,6% du capital et le second 2%. David Amar a été nommé président du Comité stratégique et Philippe de Verdalle, gérant du fonds Nobel, a pris la tête du Comité des rémunérations et des nominations.

"C'est une façon de montrer aux nouveaux actionnaires qu'ils auront la main sur la stratégie et le recrutement du nouveau dirigeant de la société", se félicite Robert de Metz.

Cette "prise de pouvoir" des actionnaires, terme employé par plusieurs sources interrogées par AOF, apparait enfin dans la composition du Conseil d'administration. Hier soir, quatre nouveaux administrateurs ont été nommés par les actionnaires, ce qui porte à huit le nombre d'entrées depuis octobre, soit plus de la moitié du Conseil composé de 14 membres. Avec les départs programmés de Jean-Pierre Rémy et Robert de Metz, le Conseil passerait à 12 membres, ce qui renforcera mécaniquement le rôle des administrateurs indépendants ou représentant les actionnaires.