Bruxelles (awp/afp) - Avec l'annonce mardi de la cession de ses usines de nylon à l'allemand BASF pour 1,1 milliard d'euros, le groupe chimique belge Solvay parachève son recentrage sur les activités à haute valeur ajoutée.

"Il s'agit probablement de la dernière cession d'envergure" dans le cadre de la transformation du groupe, a annoncé Pascal Juery, membre du comité exécutif de Solvay.

Voilà maintenant quatre ans que le chimiste belge, fondé en 1863 et qui emploie aujourd'hui environ 27.000 personnes dans le monde entier, a engagé son virage stratégique.

Objectif: délaisser les activités jugées moins prometteuses, comme le PVC, pour se développer dans les composants innovants, notamment à destination de l'aéronautique et de l'automobile, pour tirer son épingle du jeu dans une industrie en pleine recomposition.

Les avions de ligne ou les jets, comme les nouveaux modèles de voiture, notamment électriques ou automatiques, pour lesquels la question du poids est un enjeu important, sont fabriqués avec ces nouveaux matériaux composites qui se substituent de plus en plus au métal, plus lourd.

Le chimiste belge n'abandonne toutefois pas entièrement ses métiers de base tels que la fabrication de carbonate de soude, une activité qui devrait continuer à générer des revenus sur le long terme.

La production industrielle du carbonate de soude, utilisé dans la production de verre et l'industrie chimique et des détergents, utilise encore aujourd'hui le procédé à base de sel blanc et de calcaire mis au point au XIXe siècle par le fondateur du groupe, Ernest Solvay, un des grands industriel de l'histoire de Belgique.

La vente de l'activité polyamides - nom scientifique du nylon - à BASF "marque une étape essentielle" dans la stratégie de Solvay, a insisté le PDG du groupe, le Français Jean-Pierre Clamadieu, cité mardi dans un communiqué.

- 1.300 emplois en France -

La transaction valorise les activités vendues à 1,6 milliard, mais "le produit net de la vente est estimé à 1,1 milliard d'euros", a précisé le groupe, le seul belge à être coté au CAC 40.

"Nous sommes très heureux de ce résultat" et de "la valeur de la transaction", qui représente sept fois l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) dégagé ces 12 derniers mois par cette activité, a insisté Pascal Juery.

BASF de son côté "complète" son "portefeuille de plastiques techniques" et "élargit (sa) position comme fournisseur de solutions pour le transport, la construction, les applications industrielles et autres biens de consommation", affirme le groupe allemand.

Selon cette même source, l'activité polyamides de Solvay représentait en 2016 un chiffre d'affaires de 1,315 milliard d'euros et un Ebitda d'environ 200 millions d'euros, avec près de 2.400 collaborateurs dans 12 usines à travers le monde, dont environ 1.300 en France.

L'acquéreur s'est refusé à donner des précisions sur l'avenir des sites repris en France, qui sera décidé au moment d'un "plan d'intégration mis en place une fois l'acquisition bouclée", a précisé un des porte-paroles du groupe à l'AFP.

La transaction "en vue de la cession" doit encore être soumise à la consultation des instances représentatives de Solvay avant de devenir juridiquement contraignante, et les deux groupes ont pour objectif de conclure l'affaire "dans le troisième trimestre 2018", selon BASF.

Elle devra également recevoir l'autorisation des autorités de concurrence concernées, dans une industrie ou les fusions acquisitions se multiplient: les géants américains Dow et Dupont viennent de fusionner, le chinois ChemChina a racheté le suisse Syngenta et Bayer aimerait acquérir Monsanto.

Solvay a réalisé en 2016 un chiffre d'affaires de 9,569 milliards d'euros, un chiffre retraité qui prend en compte la cession des polyamides.

Peu après 11H30, le titre perdait 1,40%, à 126,85 euros, à la Bourse de Bruxelles, l'opération ayant entraîné dans la foulée une baisse des perspectives du groupe.

afp/rp