Opération « Le Jour de la Nuit », 5 questions à Christian Buywid, expert éclairage public chez SPIE

Au-delà d'une extinction ponctuelle des luminaires dans nos villes et villages, de nouvelles technologies sont maintenant à disposition des collectivités pour lutter contre la pollution lumineuse

Cergy, le 4 octobre 2016 - Alors que sera lancée le 8 octobre prochain la 8 édition du Jour de la nuit, opération de sensibilisation nationale à la pollution lumineuse,Christian Buywid, directeur du développement chez SPIE Ile-de-France Nord-Ouest (Direction Opérationnelle Infra Transports Télécoms) revient sur les dernières innovations en matière d'éclairage public permettant aux Français de se sentir en toute sécurité…et de profiter des étoiles.

On entend ici ou là des communes qui annoncent l'extinction de leur éclairage public sur certaines plages horaires de la nuit, est-ce une pratique qui se répand ?

Christian Buywid : Effectivement, certaines communes éteignent désormais leur éclairage public, en général sur des plages horaires de quelques heures (minuit - 5h par exemple) au cours desquelles la fréquentation des rues est quasi-nulle. Cette extinction peut également être partielle, sur certains axes routiers ou quartiers. Mais cela reste une pratique encore très minoritaire, surtout en milieu urbain. Les habitants tiennent à être éclairés, principalement pour se sentir en sécurité. En milieu rural, les habitants sont plus habitués au noir complet. Eteindre l'éclairage public ne les dérange pas outre-mesure.

Eteindre l'éclairage public, est-ce une solution viable ?

Christian Buywid : Les économies sont évidemment instantanées. Eteindre par exemple de 23h à 5h du matin, peut représenter une économie sur la facture énergétique de 20 à 30%. Mais il y a une autre donnée qui est souvent oubliée : le vieillissement prématuré des installations. Eteindre l'éclairage sur une plage horaire de la nuit revient à allumer deux fois les luminaires…et à les éteindre deux fois. Conséquence : des surtensions dans les ballasts multipliés par deux. Les installations vieillissent donc de 10 à 15% plus vite qu'en temps normal. Finalement, éteindre son éclairage public n'est pas forcément plus avantageux. Du moins, il faut bien étudier la question.

Dans de nombreuses agglomérations, éteindre l'éclairage public, même de façon exceptionnelle est évidemment impossible. Est-on condamné à ne jamais voir les étoiles à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse… ?

Christian Buywid : Dans de très nombreuses métropoles, agglomérations et villes subsistent encore des éclairages qui diffusent une grande partie du flux lumineux partout et nulle part ! Par définition, sauf évidemment dans le cadre d'éclairage de monuments ou de bâtiments spécifiques, ce mode d'éclairage est totalement inutile pour les piétons, les cyclistes et les automobilistes et évidemment nuisible à la biodiversité. Il s'agit donc de focaliser les flux lumineux vers le trottoir et la rue. Alors oui, à terme, si toutes les grandes villes changent d'ici quelques années leur éclairage public, on pourra voir les étoiles en prenant juste un peu de hauteur.

Voir les étoiles, c'est bien… mais quid de la population ?

Christian Buywid : Une bonne partie de la population urbaine est tellement habituée à un éclairage public « haute densité » qu'elle ne s'aperçoit plus que sa qualité de sommeil est fortement altérée. Et pourtant, c'est la première conséquence néfaste d'un éclairage public défectueux : nous dormons mal car nous contrarions le besoin naturel d'être dans le noir à ce moment de la journée. Et il en est de même pour les oiseaux, les insectes, dont la vie est déréglée : ils se croient à midi…alors qu'il est 3 heures du matin.

Assurer un sentiment de sécurité et le confort de chacun, préserver la biodiversité, éliminer la pollution lumineuse, faire des économies…finalement n'y a-t-il pas trop de paramètres à respecter ?

En apparence oui. Mais les nouvelles technologies permettent aujourd'hui de les remplir tous…à condition d'y mettre de la volonté et des moyens. Nous en avons déjà parlé, il est indispensable d'éclairer vers le bas. Cela peut paraître évident mais il y a encore trop de lanternes « boules » (désormais interdites d'ailleurs) dans nos villes et villages. Aujourd'hui, nous savons éclairer « juste », en nous adaptant à la vie des habitants tout en générant des économies importantes. Fini les mats de 10m de haut, 5m suffisent largement. Fini les lampes classiques, les leds éclairent mieux pour 75% d'économie d'énergie et une durée de vie plus longue. Et enfin, l'éclairage public peut s'adapter à la vie des habitants : intensité moins importante en pleine nuit mais suffisante pour se sentir en sécurité, détecteur de mouvements qui permettent d'éclairer plus au moment du passage d'un piéton, d'un cycliste, etc. Les solutions existent donc même s'il faudra du temps pour les mettre en place.

La Sté SPIE SA a publié ce contenu, le 04 October 2016, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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