(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

PARIS, 29 mai (Reuters) - La saison des résultats de sociétés étant pratiquement terminée et l'incertitude sur le marché pétrolier levée, la semaine à venir devrait voir les questions liées aux politiques monétaires revenir au premier rang des préoccupations des investisseurs, en prélude aux réunions de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve fédérale américaine.

Après l'agitation provoquée par les turbulences politiques à Washington suite au limogeage du directeur du FBI, et la réunion de l'Opep, qui a sans surprise prolongé de neuf mois l'accord de limitation de la production, les marchés vont pouvoir s'appuyer sur une nouvelle série d'indicateurs susceptibles d'influencer les stratégies des grandes banques centrales.

Ecourtée sur les marchés anglo-saxons puisque ce lundi est férié aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, la semaine sera animée principalement par les premiers chiffres de l'inflation en mai en Allemagne (mardi) et en zone euro (mercredi) et par les statistiques des revenus et dépenses des ménages américains (mardi) - qui incluent l'indice d'inflation PCE, baromètre favori de la Fed - en attendant le rapport mensuel sur l'emploi américain, vendredi.

Le Livre beige de la Réserve fédérale, mercredi, complètera le tableau en actualisant le diagnostic de l'institution sur l'état de santé de la première économie mondiale.

De ce point de vue, le compte rendu de la réunion de début mai a déjà fourni mercredi dernier matière à réflexion aux marchés: il montre que le scénario d'un relèvement de taux le 14 juin reste d'actualité mais aussi que les responsables de la Fed veulent s'assurer, avant d'aller plus loin, que le ralentissement de la croissance américaine au premier trimestre n'était qu'un phénomène temporaire.

L'EUROPE GARDE LE VENT EN POUPE

"Cela traduit clairement la prudence de la Fed avant de relever de nouveau les taux", explique Omair Sharif, économiste de Société générale, en relevant que "la majorité des responsables de la Fed considèrent avec une confiance suffisante que la faiblesse (de la croissance) au premier trimestre devrait avoir été passagère".

Une hypothèse qui demande encore a être confirmée par les faits: si la croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis pour les trois premiers mois de l'année, a été revue à la hausse à 1,2% en rythme annualisé contre 0,7% en première estimation, les chiffres des commandes de biens durables pour avril sont moins convaincants, les commandes d'équipements industriels stagnant pour le deuxième mois d'affilée.

Du côté de la zone euro, les bons chiffres de croissance publiés ces dernières semaines et les premières estimations des indices PMI des directeurs d'achats vont dans le sens d'un renforcement de la reprise, ce qui devrait nourrir les débats au sein de la Banque centrale européenne (BCE) jusqu'à la réunion de politique monétaire du 8 juin.

Un relèvement des taux dans la zone euro reste une hypothèse lointaine mais la question du retrait progressif des mesures non-conventionnelles, à commencer par une nouvelle réduction des achats de titres sur les marchés, continue de se poser.

Pour le marché actions, l'optimisme domine encore en Europe. L'indice Stoxx 600 européen affiche une progression d'environ 1% depuis le début du mois de mai et de plus de 8% depuis le début de l'année et surtout, les résultats du premier trimestre sont plus qu'encourageants: alors qu'un peu plus de 80% des sociétés composant le Stoxx 600 ont présenté leurs comptes, 64% d'entre elles ont dépassé les attentes en matière de bénéfice, un ratio qui atteint 76% pour le chiffre d'affaires.

LA LIVRE STERLING FÉBRILE AVANT LES ÉLECTIONS

"L'Europe devient la zone idéale (pour une fois !)", se félicite Salman Ahmed, directeur de la stratégie d'investissement de Lombard Odier IM. "Et pour cause: non seulement sa reprise est de bonne qualité et largement diffusée, mais nous pensons qu'elle devrait continuer à être soutenue par une Banque centrale européenne (BCE) accommodante et, du fait de l'incertitude des derniers mois, les marchés d'actifs risqués sont loin d'intégrer tous ces points positifs dans les cours."

Un diagnostic visiblement partagé: selon les derniers chiffres de Bank of America Merrill Lynch, les fonds d'actions européennes affichent désormais neuf semaines consécutives d'entrées nettes positives, alors que les investisseurs continuent de se détourner des actions américaines.

Les cambistes, eux, gardent un oeil sur la livre sterling à moins de deux semaines des élections législatives au Royaume-Uni: si le camp conservateur emmené par Theresa May reste en tête des intentions de vote, son avance s'est réduite selon un sondage publié vendredi, une inflexion immédiatement sanctionnée par une baisse de la livre.

(Marc Angrand, édité par Patrick Vignal)