Zurich (awp) - Le cyclone Debbie a une nouvelle fois laissé des traces sur les résultats semestriels de Swiss Re. Les répercussions financières de cette catastrophe ont été revues à la hausse par le géant zurichois de la réassurance. La division Corporate Solutions subit les dégâts les plus importants. Les analystes relèvent pour leur part la bonne tenue de l'assurance-vie. Insuffisant toutefois pour empêcher un fort repli de l'action.

Sur les six premiers mois de l'année, Swiss Re a subi une chute de son bénéfice net de 35% en comparaison annuelle à 1,21 mrd USD, plombé par Debbie, indique vendredi le réassureur. Cet effet était attendu, mais les analystes tablaient sur un niveau de profits plus élevé.

Le groupe a dépassé les attentes en termes de primes encaissées nettes, qui ont stagné (+0,5%) à 16,20 mrd USD. Les primes brutes ont chuté de 8,3% à 18,15 mrd.

"Au premier semestre 2017, nous avons dégagé un résultat solide, malgré un environnement de marché difficile et après avoir payé des indemnités significatives suite à des catastrophes naturelles", explique le directeur général (CEO) Christian Mumenthaler, cité dans le communiqué.

Pour Swiss Re, les dégâts causés par Debbie ont pesé jusqu'ici à hauteur de 360 mio USD, à comparer aux 350 mio annoncés en avril. Le cyclone avait balayé l'Océanie au début du printemps, plus particulièrement la région australienne du Queensland touchant des stations touristiques, des centres commerciaux et inondant des mines de charbon.

LA DIVISION CORSO DAVANTAGE ATTEINTE

A l'heure du bilan pour Swiss Re, Corporate Solution (CorSo) semble avoir le plus souffert, avec un chute de son 41% de son résultat. Cette petite division devra supporter une part de 40 mio USD des dégâts, ce qui l'affecte davantage que sa grande soeur Property & Casualty (P&C). Le ratio combiné de CorSo s'est ainsi détérioré de 2,9 points à 104,5% en comparaison annuelle. Il satisfait néanmoins les attentes des analystes.

La division P&C reste également dans les clous. Son ratio combiné affichait 97,4% à fin juin, contre 97,2% une année auparavant. Cette unité devra s'acquitter des dégâts à hauteur de 320 mio USD. En résulte une dégringolade (-37,2%) du bénéfice net à 546 mio USD. Les primes encaissées ont plongé de 15,5% à 9,40 mrd.

Alors que l'assurance dommages tire la langue, l'activité vie semble se porter mieux. En conférence de presse, le CEO a indiqué vouloir se focaliser sur les deux divisions Life & Health (L&H) et Life Capital, au détriment du métier traditionnel de Swiss Re.

L&H a amélioré son bénéfice net, malgré des primes en recul et un ratio combiné péjoré. La croissance a été au rendez-vous pour Life Capital, dont le repli de 75% du résultat s'explique par un effet de base lié au portefeuille d'investissement. Cet élément unique a également pesé fortement sur la profitabilité du groupe sur les six premiers mois de l'année.

A L'AFFÛT POUR DES ACQUISITIONS

La direction reste à l'affût d'opportunités d'acquisitions pour la division Life Capital. L'accent est mis sur des portefeuilles d'assurances fermés en Grande-Bretagne. Dans les activités vie et assurance maladie, la zone de recherches s'étale de l'Europe aux Etats-Unis.

La direction n'a pas fourni de prévisions détaillées pour l'exercice dans son ensemble. Le directeur financier (CFO) David Cole a reconnu que le rendement des fonds propres de 7,0% se trouvait en dessous de l'objectif. "Notre objectif consiste à dépasser le cycle de l'assurance", a-t-il souligné.

Les actionnaires de Swiss Re seront fixés sur le lancement d'un programme de rachat d'actions jusqu'à 1 mrd CHF d'ici la fin de l'automne. Le réassureur veut attendre la fin de la saison des ouragans aux Etats-Unis avant de prendre une décision. L'année dernière, le groupe avait lancé un tel programme début novembre.

Les investisseurs semblaient insensibles à ces promesses et se sont massivement détournés du titre. A la Bourse suisse, la nominative Swiss Re a reculé de 3,1% à 92,05 CHF, lanterne rouge d'un SMI en progression de 0,44%.

Ce premier semestre n'a pas pu satisfaire toutes les attentes, notamment en raison du mauvais développement dans les activités non-vie, commente la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Pour Vontobel, les divisions CorSo et P&C se sont révélés les talons d'Achille de Swiss Re lors de la période sous revue. Bernstein pointe également du doigt la performance de CorSo.

Baader Helvea se montre plus magnanime. Le réassureur arrive toujours à livrer des résultats solides malgré des conditions difficiles, analyse le courtier genevois. Ce dernier affirme que le cours du titre ne reflète pas le potentiel du groupe.

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