(Actualisé avec précisions concernant les propos du porte-parole de Syngenta, commentaires d'analystes, cours de clôture)

par Foo Yun Chee et Oliver Hirt

BRUXELLES/ZURICH, 24 octobre (Reuters) - Syngenta a chuté en Bourse de Zurich lundi après l'annonce par la Commission européenne que le groupe public chinois ChemChina n'a proposé aucune concession en vue du rachat du groupe suisse de pesticides et de semences.

ChemChina et Syngenta avaient rencontré le 17 octobre des responsables de l'exécutif européen à la demande de celui-ci, signe qu'il nourrit certaines inquiétudes sur les conséquences du projet - le plus important investissement chinois jamais engagé à l'étranger - pour la libre concurrence en Europe.

Les deux sociétés avaient jusqu'au 21 octobre pour soumettre des concessions à l'exécutif européen.

"Aucun engagement", a déclaré lundi dans un courriel Ricardo Cardoso, porte-parole de la Commission.

Cela signifie que, soit elle donnera son feu vert sans conditions à la transaction, soit elle ouvrira une enquête approfondie qui pourrait durer jusqu'à cinq mois.

Interrogé à ce sujet, un porte-parole de Syngenta a dit que la société restait convaincue que son rachat pour près de 40 milliards d'euros se ferait d'ici la fin de l'année. Mais il a ensuite clarifié ses propos en précisant qu'il ne faisait que répéter des déclarations de Syngenta datant du 22 juillet.

Le groupe suisse a fait savoir qu'il apporterait des éléments concernant l'avancée de l'opération avec ChemChina à l'occasion de la publication de ses résultats mardi.

Le titre Syngenta a perdu 5,81%, plus forte baisse de l'EuroFirst 300, à 397,50 francs suisses, après avoir plongé de plus de 9% en matinée à la suite de l'annonce de la Commission.

Il y a dix jours, une source avait dit à Reuters que ChemChina et Syngenta étaient disposés à proposer des concessions aux autorités de la concurrence de l'Union européenne afin d'obtenir leur aval à leur fusion.

Les analystes de Baader Heklvea estiment que l'opération devrait pouvoir être finalisée au premier semestre 2017.

"Nous pensons que la Commission joue au poker menteur pour assurer la prise en compte de points importants pour l'Union européenne (sujets liés au OGM, au commerce, etc.) et cherche donc à faire monter la pression sur ChemChina et la Chine pour obtenir des offres intéressantes", écrivent-ils dans une note.

Tout en jugeant trop ambitieux l'objectif de Syngenta de boucler l'opération d'ici la fin de l'année, ils ne pensent pas que le projet de fusion entre les deux groupes soit menacé.

"Si le pire a lieu et que l'opération échoue nous pensons que BASF serait encore intéressé", disent-ils, même si toute offre de l'allemand serait inférieure à celle du chinois. (Foo Yun Chee et Michael Shields, Benoit Van Overstraeten et Juiliette Rouillon pour le service français)