Zurich (awp) - Syngenta a vu son chiffre d'affaires et son bénéfice reculer en 2016. L'agrochimiste a été affecté par les difficultés du secteur et, en particulier au premier semestre, par l'appréciation du dollar. La finalisation de l'acquisition par ChemChina est attendue au deuxième trimestre, mais aucun dividende ne sera proposé.

Le chiffre d'affaires a baissé de 5% à 12,79 mrd USD. A taux de change constants, le recul a été limité à 2%. Ce repli est à mettre sur le compte d'une diminution des volumes de 4% et d'une augmentation des prix de 2%, a indiqué mercredi le groupe dans un communiqué.

Syngenta a vécu une nouvelle année difficile pour le secteur agroalimentaire avec des prix restant bas. La rentabilité des agriculteurs a été sous pression dans de nombreux secteurs, a commenté le directeur général (CEO) Erik Fyrwald, cité dans le communiqué. En dépit des problèmes rencontrés, Syngenta "a tout de même maintenu sa performance".

Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a baissé de 4% à 2,66 mrd USD, mais a augmenté de 2% à taux de change constants. La marge s'est élevée à 20,8%, quasiment équivalente à celle de l'année précédente.

Le bénéfice net a reculé de 12% à 1,18 mrd USD, en dépit d'une contribution positive du programme de réduction des coûts. Celui-ci a permis d'économiser 320 mio USD, soit davantage que les objectifs fixés.

Ces résultats ne sont qu'en partie conformes aux prévisions des analystes. Corrigés des coûts de restructuration et des correctifs de valeur, ils sont toutefois supérieurs aux attentes.

PAS DE DIVIDENDE

Le conseil d'administration a décidé de reporter en juin l'assemblée générale annuelle, "étant donné l'aboutissement prochain de la transaction avec ChemChina". Le premier règlement de cette opération devant avoir lieu avant cette réunion, il n'y aura pas de proposition de versement ordinaire, explique Syngenta. Un dividende spécial de 5 CHF est toutefois prévu, dépendant de la conclusion de la transaction. Son versement aura lieu avant le premier règlement de la transaction.

L'année passée, La rémunération des actionnaires s'était élevée à 11 CHF par titre.

Malgré les retards, M. Fyrwald s'est montré optimiste quant à la réalisation de la transaction avec ChemChina. Il a affirmé à AWP être "très confiant que toutes les autorités de surveillance donnent leur aval".

Le patron estime que de bons progrès ont été réalisés et que le groupe est "sur la voie pour obtenir une réponse de la commission européenne d'ici au 12 avril". Quant à la décision de la Federal Trade Commission (FTC) américaine, M. Fyrwald pense qu'elle pourrait précéder celle de la Commission européenne.

La requête faite à la FTC comprenait des propositions pour remédier à certains problèmes qui concernent les produits phytosanitaires génériques, le domaine de la filiale Adama du partenaire chinois. "La totalité d'Adama ne doit toutefois pas être vendue", a assuré le patron.

Pour 2017, Syngenta prévoit "une croissance légèrement positive du chiffre d'affaires à taux de change constants". Le groupe dit viser "une amélioration de la marge Ebitda et une nouvelle année significative pour générer du cash-flow disponible". Par ailleurs, le groupe maintient son objectif d'épargne de 1 mrd USD d'ici 2018 par des gains de productivité.

L'agrochimiste prévoit également un regain de dynamisme du marché agraire global. "Si une suroffre a été constatée pour la plupart des plantes au cours des quatre dernières années, la branche devrait se stabiliser cette année", a estimé M. Fyrwald.

A la Bourse suisse, les investisseurs étaient rassurés par ces déclarations. Le titre Syngenta progressait de 1,5% à 431,60 CHF, dans un SMI en hausse de 0,17% à 13h15.

Les analystes ont qualifié l'évolution des activités au deuxième semestre de "solides dans l'ensemble". Le résultat opérationnel reste marqué par les difficiles conditions de marché, bien que les progrès en efficience aient permis de relever légèrement la marge, a écrit la Banque cantonale de Zurich (ZKB) dans un commentaire.

Deutsche Bank a évoqué "un résultat au niveau de la rentabilité supérieur aux attentes, auquel ont contribué une baisse des coûts supérieure aux prévisions et une amélioration du mélange de produits".

Baader Helvea a souligné le fort développement de la demande au quatrième trimestre dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique, ainsi qu'en Asie. Le courtier se montre toutefois quelque peu déçu de l'absence de versement de dividende. L'analyste de Morgan Stanley défend en revanche le renoncement au dividende ordinaire. Un versement aurait été directement déduit du prix de l'offre, ce qui aurait été un désavantage d'un point de vue fiscal pour certains investisseurs, a-t-il ajouté.

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