Takata, dont le dépôt de bilan est le plus important jamais réalisé par une entreprise japonaise, fait face à des milliards de dollars de passif potentiel après une décennie de rappels et de procès liés à ses airbags défectueux.

Les airbags fabriqués par le groupe japonais ont été liés à au moins 17 décès et plus de 180 blessés dans le monde entier. Une centaine de millions d'airbags ont été rappelés depuis près de dix ans.

TK Holdings, la filiale américaine de Takata, a déposé le bilan dimanche auprès d'un tribunal du Delaware, avec 10 à 50 milliards de dollars de passif, a-t-on appris d'un document judiciaire. Sa maison-mère a fait de même au Japon lundi.

Le passif total de Takata est évalué à 1.700 milliards de yens (13,4 milliards d'euros) par Tokyo Shoko Research.

Il dépendra toutefois du résultat des discussions engagées par Takata avec les constructeurs automobiles, ses clients, qui ont supporté l'essentiel des frais de remplacement des airbags défectueux, a dit un avocat de Takata.

La procédure ouvre la voie à un accord de renflouement avec l'équipementier américain KSS, contrôlé par le chinois Ningbo Joyson Electronic.

KSS a annoncé dimanche être parvenu à un accord pour racheter la plupart des actifs du groupe japonais pour environ 175 milliards de yens (1,4 milliard d'euros).

KSS conservera "quasiment l'intégralité" des 60.000 salariés de Takata dans 23 pays, l'équipementier devant aussi garder ses usines au Japon.

Takata et KSS espèrent signer les accords définitifs en vue de la cession dans les prochaines semaines et sortir de la double procédure de dépôt de bilan dans le courant du premier trimestre 2018.

Ce dépôt de bilan laisse cependant des questions en suspens. Honda Motor, le premier client de Takata, a annoncé lundi qu'aucun accord définitif n'avait été conclu quant aux responsabilités du groupe dans les rappels de véhicules équipés d'airbags défectueux.

Honda, qui prévoit de continuer les discussions avec son fournisseur, dit anticiper des difficultés pour ce qui est de récupérer la plus grande partie des frais engagés dans le rappel des véhicules équipés des airbags défectueux.

La Bourse de Tokyo a annoncé de son coté que le titre de l'entreprise Takata, fondée en 1933, serait radié à compter du 27 juillet. Sa cotation avait été suspendue lundi.

(Avec David Shepardson à Washington D.C., Tom Hals à Wilmington et Maki Shiraki à Tokyo, Julie Carriat et Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Naomi Tajitsu

Valeurs citées dans l'article : Takata Corporation, Ningbo Joyson Electronic Corp