(Version complétée, avec déclaration de Sanofi)

PARIS/CHICAGO, 19 avril (Reuters) - L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé jeudi de tester les patients individuellement avant de leur injecter le vaccin contre la dengue de Sanofi, afin de vérifier s'ils ont pu être exposés avant à cette infection.

A l'issue d'une réunion de deux jours consacrée à ce vaccin, au siège de l'OMS à Genève, des experts de l'agence des Nations unies ont estimé que le produit - commercialisé par le groupe pharmaceutique français sous l'appellation Dengvaxia - devait être administré "avec plus de précaution".

"Nous avons maintenant une documentation claire nous informant que le vaccin doit être administré avec plus de précaution en l'injectant uniquement à des personnes déjà infectées", a déclaré par téléphone à des journalistes Alejandro Cravioto, président du groupe d'experts (SAGE) sur l'immunisation.

"Il faut que les personnes soient testées via un système qui n'est pas actuellement disponible mais qui devrait être réalisé dans les prochaines années", a-t-il ajouté.

Sanofi, dans une déclaration, s'est dit confiant dans la sécurité de son vaccin et dans son potentiel pour lutter contre la dengue dans les pays où elle est endémique.

Le groupe a ajouté qu'il restait engagé dans la réduction de la menace sanitaire que constitue la dengue et qu'il continuerait à travailler avec les autorités sanitaires internationales et les pays où la maladie est endémique "afin d'assurer la meilleure utilisation possible du vaccin".

"Comme nous l'avons communiqué en novembre, selon notre analyse, le risque et la gravité des cas de personnes vaccinées qui n'étaient pas infectées par la dengue avant la vaccination sont similaires à ceux observés chez des personnes non vaccinées auparavant infectées", a déclaré Sanofi.

Après une analyse des données, Sanofi avait fait savoir en novembre que le vaccin pouvait augmenter le risque de développer une forme grave de la dengue dans certains cas sur des personnes vaccinées qui n'avaient pas été exposées auparavant à la maladie.

MINIMISER LE RISQUE

Joachim Hombach, secrétaire exécutif du groupe d'experts, a déclaré : "Pour nous, la considération première est que notre recommandation fasse sens pour assurer que l'utilisation du vaccin aura un bénéfice maximum et minimisera le risque en termes de santé publique."

"Il est très important que nous indiquions les façons dont ce vaccin pourrait être utilisé", a-t-il dit, ajoutant que c'est au laboratoire pharmaceutique de décider ce qu'il convient d'en faire.

Joachim Hombach a défendu la recommandation initiale de l'OMS de vacciner les enfants à partir de l'âge de 9 ans dans les régions où 70% de la population a été précédemment exposée au virus.

Le virus de la dengue, transmis par les moustiques, se propage rapidement dans de nombreuses régions du monde. Il affecte des centaines de millions de personnes et en tue environ 20.000 par an.

Le vaccin de Sanofi est le premier à être mis sur le marché mais il a suscité des craintes aux Philippines où les autorités ont suspendu son utilisation en décembre, le suspectant d'être à l'origine de trois décès.

Une campagne de vaccination utilisant le Dengvaxia a aussi eu lieu dans l'Etat de Parana, au Brésil.

Le Dengvaxia a été approuvé dans 19 pays et est actuellement en cours d'examen par l'Agence européenne des médicaments.

Le groupe japonais Takeda Pharmaceutical, l'Institut national de la santé des Etats-Unis et l'institut Butantan au Brésil sont en train de développer eux aussi des vaccins contre la dengue. (Matthias Blamont et Julie Steenhuysen, avec Dominique Rodriguez, édité par Véronique)

Valeurs citées dans l'article : Takeda Pharmaceutical Co Ltd, Sanofi