Cette opération indique qu'une certaine valeur peut encore être libérée du portefeuille d'actifs de Shire malgré le net repli du titre en Bourse de Londres depuis un an et demi, alors que la direction du groupe pharmaceutique britannique se prépare à livrer bataille face aux possibles appétits de Takeda.

Shire a précisé qu'il envisageait de restituer le produit de l'opération avec Servier aux actionnaires par le biais d'un rachat de titres. Il a ajouté que de nouvelles cessions d'actifs non stratégiques étaient possibles.

La vente du pôle oncologie pourrait dissuader Takeda d'aller de l'avant car le premier groupe pharmaceutique japonais estime précisément que l'oncologie est l'un des domaines les plus susceptibles de tirer parti d'un rapprochement.

Etant donné la faible contribution de cette activité au bénéfice global du laboratoire britannique, les analystes de Deutsche Bank pensent néanmoins que cette vente ne devrait pas suffire à elle seule à empêcher un éventuel rapprochement entre Shire et Takeda.

Un porte-parole de Takeda a refusé de s'exprimer sur le sujet.

Shire a fait savoir en décembre qu'il réfléchissait à la vente de son pôle oncologie. Il a lancé la procédure en janvier en identifiant plusieurs acquéreurs potentiels aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Takeda n'a publiquement manifesté son intérêt pour Shire que fin mars.

SERVIER ÉTABLIT UNE PRÉSENCE COMMERCIALE AUX USA

Suivant le droit britannique des OPA, le groupe japonais a jusqu'au 25 avril pour annoncer s'il compte faire une offre sur Shire, dont la capitalisation est de l'ordre de 47 milliards de dollars.

Un rapprochement entre Takeda et Shire serait de loin la plus grosse opération de fusion de l'industrie pharmaceutique cette année mais il s'agirait d'un pari financier important pour le japonais, qui vaut environ 10 milliards de dollars de moins que sa cible potentielle.

Des sources ont dit la semaine dernière que Takeda avait sondé des banques en vue d'un prêt pour financer une éventuelle offre.

Flemming Ornskov, directeur général de Shire, a déclaré que la vente de l'oncologie à Servier démontrait la "valeur claire" du portefeuille du groupe.

Le chiffre d'affaires de cette activité a atteint 262 millions de dollars l'an dernier, ce qui donne au prix de cession un multiple de 9,2 sur le revenu.

Pour les analystes de Jefferies, cette opération "devrait renforcer la position de négociation de Shire sur le prix demandé durant la période actuelle d'offre avec Takeda".

L'action Shire gagne 0,85% à 09h54 GMT en Bourse de Londres, dont l'indice FTSE-100 perd 0,4% au même moment.

Servier, groupe non coté, se réjouit de son côté d'"établir une présence commerciale aux Etats-Unis et de renforcer le portefeuille de médicaments commercialisés en oncologie dans les territoires où le groupe est déjà présent".

(Avec Sarah Young à Londres et Sam Nussey à Tokyo; Wilfrid Exbrayat et Bertrand Boucey pour le service français)

par Ben Hirschler