(Actualisation: précisions sur le cartel et sur la sanction, déclaration d'un porte-parole de Tarkett, actualisation du cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'Autorité de la concurrence a condamné jeudi les trois principaux fabricants de revêtements de sol en PVC en France à une amende de 302 millions d'euros, dont 165 millions d'euros pour le seul groupe Tarkett (TKTT.FR), pour s'être entendus sur leurs prix de vente pendant une dizaine d'années au sein d'un cartel.

Tarkett, le français Gerflor et le suisse Forbo Sarlino se sont réunis régulièrement de 2001 à 2011 afin de fixer des prix minimum et s'entendre sur les hausses tarifaires pratiquées, a indiqué le régulateur. Ces pratiques visaient à "réduire drastiquement, voire totalement supprimer la concurrence dans le secteur de la fabrication et la commercialisation des produits de revêtements de sols PVC et linoléums", selon un communiqué publié jeudi.

Parmi les griefs retenus figurent également l'échange par les trois acteurs d'informations confidentielles précises sur leur activité leur permettant d'ajuster leur politique commerciale, ainsi que la signature d'un pacte de non concurrence concernant la communication sur les performances environnementales de leurs produits. Les faits reprochés n'ont pas été contestés par les intéréssés.

La présidente de l'Autorite de la concurrence, Isabelle de Silva, a évoqué lors d'une conférence de presse un "cartel exceptionnel par sa durée et son ampleur", tout en dénonçant une "stratégie de dissimulation renforcée" de la part des trois sociétés et du syndicat professionnel des revêtements de sol, le SFEC.

La sanction de 302 millions d'euros prononcée jeudi est la septième plus lourde imposée par le régulateur de la concurrence. Son montant est significatif au regard du marché concerné, évalué à un peu plus de 450 millions d'euros par an en France. Les trois sociétés sanctionnées détiennent une part de marché combinée de plus de 65%, allant jusqu'à 85% sur certains segments comme la distribution grand public, selon les chiffrés de l'Autorité de la concurrence.

Le leader du marché, Tarket, ex-Sommer-Allibert, avait annoncé cet été avoir provisionné 150 millions d'euros dans le cadre de l'enquête lancée en 2013. "Tarkett a pleinement coopéré avec l'Autorité de la concurrence à la fois dans le cadre d'une procédure de clémence et de la nouvelle procédure de transaction issue de la loi "Macron" du 6 août 2015, a réagi le groupe dans un communiqué. Un porte-parole joint par téléphone a souligné que les pratiques sanctionnées se limitaient au marché français et que les dirigeants impliqués avaient tous quitté le groupe.

Tarkett, qui comptabilisera une charge additionnelle de 15 millions d'euros dans ses comptes du quatrième trimestre, prévoit de dégager une perte nette en 2017. Cet élément exceptionnel "ne remet pas en cause les objectifs financiers du plan stratégique 2020, ni la capacité du groupe à respecter ses engagements financiers", a précisé Tarkett dans son communiqué.

L'entreprise ajoute qu'elle compte renforcer son programme de conformité afin d'assurer "le strict respect des règles applicables en matière de concurrence". Ce programme comprend, entre autres, des outils de formation renforcés et un système d'alerte professionnelle couvrant le droit de la concurrence.

A 13h22, l'action Tarkett cède 1,5% à 35,43 euros, après avoir déjà perdu du terrain la veille en raison de commentaires d'analystes défavorables.

-Thomas Varela, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 99; tvarela@agefi.fr ed: ECH