Analystes et banquiers s'attendent à ce que le premier constructeur automobile européen cède rapidement des actifs pour compenser les coûts engendrés par le scandale de trucage des tests d'émissions polluantes de ses moteurs diesel, qui ont déjà atteint quelque 25 milliards de dollars (21 milliards d'euros).

Mais Thomas Sedran a déclaré que Volkswagen n'était pas pressé de procéder à des cessions, mettant en avant la solide performance financière du groupe malgré le "dieselgate".

"Il est beaucoup plus important de discuter de la nouvelle activité dans laquelle la société entrera. Les cessions sont moins pertinentes", a-t-il jugé au cours d'un entretien.

"Les grandes décisions sur la manière d'étendre ou d'optimiser le portefeuille d'activités d'un groupe mondial nécessitent du temps et doivent être consensuelles. Pour Volkswagen, la question du portefeuille d'activités est très importante mais il n'y a pas d'urgence", a-t-il ajouté.

Selon des sources, Volkswagen a mandaté des banques pour étudier les différentes options ouvertes à Ducati et Renk, dont la vente des deux divisions, à l'occasion d'une réévaluation de ses activités après avoir annoncé l'an dernier vouloir mettre l'accent sur les véhicules électriques et les services associés comme l'autopartage et les voitures à la demande.

Cinq candidats sont sur les rangs pour Ducati, dont la famille italienne Benetton, avec des propositions variant de 1,3 milliard à 1,5 milliard d'euros, avait déclaré une source le mois dernier.

Les familles Porsche et Piëch, qui ont 52% des actions à droit de vote VW et quatre sièges du conseil de surveillance, ne sont toutefois pas favorables à une vente de Ducati et de Renk, avaient signalé en juillet deux sources de VW.

Les responsables syndicaux, qui occupent la moitié des sièges du conseil, sont également contre une vente de ces divisions, en l'absence de raisons financières convaincantes.

"La direction a une idée claire de ce qui relève du coeur de métier et de ce qui l'est pas", a fait valoir Thomas Sedran sans plus de précisions. "Il s'agit à présent de voir comment le conseil de surveillance l'évaluera et ce que l'on veut en faire".

Il a estimé que l'éventail des mesures à prendre était "nettement plus large que ce qui a été communiqué publiquement", ajoutant que l'argent nécessaire au financement du scandale des émissions polluantes devait bien être trouvé quelque part.

"Il est donc tout à fait plausible que nous nous demandions si le moment pourrait être venu de trouver un propriétaire plus approprié pour certains secteurs d'activité", a-t-il poursuivi.

DES VÉHICULES "LOW COST" D'ICI 2020

Thomas Sedran, 52 ans, ancien patron de General Motors Europe, a rejoint Volkswagen deux mois après les révélations sur les tests d'émissions truqués du groupe aux Etats-Unis en septembre 2015.

Depuis, le scandale n'a cessé de s'amplifier et de s'étendre, en Allemagne et ailleurs, entraînant par exemple en juillet une nouvelle enquête sur des soupçons d'entente dans le secteur automobile allemand.

Concernant la volonté de longue date de VW de lancer des véhicules à bas coûts pour les marchés émergents, le directeur de la stratégie de Volkswagen a par ailleurs indiqué que Skoda, la marque d'entrée de gamme du groupe, tenterait de produire de tels véhicules pour l'Inde d'ici 2020.

Au début du mois, le constructeur allemand et l'indien Tata Motors ont mis fin d'un commun accord à leurs discussions sur un partenariat autour des véhicules à bas coûts.

Skoda a développé "une série d'idées" pour la construction d'une voiture bon marché pour l'Inde, qui pourrait être utilisée sur d'autres marchés comme le Brésil et l'Iran, a-t-il noté.

Thomas Sedran a par ailleurs rejeté les appels des syndicats qui réclament que le constructeur confie à l'un des trois sites allemands le soin de produire un nouveau modèle de véhicule afin d'augmenter l'utilisation des capacités.

"Retirer momentanément la production de voitures d'une usine pour la confier à une autre ne marche pas vraiment", a-t-il dit.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

par Andreas Cremer et Jan Schwartz

Valeurs citées dans l'article : Volkswagen, Tata Motors Limited