Technip a gagné 4% à 47,685 euros cette semaine. Les investisseurs ont salué son projet de rapprochement avec FMC, l'un de ses principaux concurrents américains. L'objectif est de "créer un groupe mondial à la pointe de l'industrie qui réinvente la production et la transformation du pétrole et du gaz". L'opération, réalisée par échange d'actions, est annoncée comme une "fusion entre égaux" puisque le capital du nouvel ensemble baptisé TechnipFMC sera détenu à 50% par les actionnaires de Technip et à 50% par ceux de FMC.

De même, le conseil d'administration comptera sept membres de chaque société.

Pour autant, l'on peut s'interroger sur la répartition des pouvoirs entre les deux groupes. Il a été décidé que Doug Pferdehirt, actuellement PDG de FMC, occupera le poste de directeur général tandis que Thierry Pilenko, le patron de Technip, présidera le conseil d'administration. Or dans les sociétés anglo-saxonnes, c'est le plus souvent le directeur général qui a la main sur l'opérationnel.

Fort d'une capitalisation boursière de 13 milliards de dollars (11,6 milliards d'euros) et d'un chiffre d'affaires combiné de près de 20 milliards de dollars, TechnipFMC entend profiter de son effet de taille pour tirer son épingle du jeu dans un environnement difficile pour les services pétroliers.

Le nouveau groupe prévoit de réaliser des synergies de coûts avant impôt d'au moins 400 millions de dollars en année pleine en 2019 et les années suivantes. Ainsi, les fiancés assurent que leur mariage aura un impact positif significatif sur leur résultat par action. Par ailleurs, des synergies de revenus devraient provenir du modèle d'exécution de projet intégré Subsea.

Si elle se concrétise, l'affaire marquera une nouvelle étape dans le mouvement de concentration, parfois contrarié, qui anime le secteur parapétrolier. En novembre 2014, Technip avait tenté d'acheter sans succès CGG pour 1,5 milliard d'euros. Il y a deux semaines, les numéros deux et trois mondiaux des services pétroliers, Halliburton et Baker Hughes, ont officialisé l'échec de leur projet de fusion en raison de l'opposition des autorités de la concurrence.

Une issue qui n'effraie pas Technip et FMC en raison de la complémentarité de leurs activités dans toutes les régions du monde.

Si cette fusion est soutenue par l'Etat (Bpifrance et l'Ifpen, actionnaires de Technip, soutiennent l'opération), elle revêt une symbolique forte. Technip, l'un des fleurons du CAC 40, ne sera bientôt plus français. La nouvelle entité sera en effet domiciliée à Londres et cotée à la fois à New York et Paris. Soucieux de faire taire d'éventuelles polémiques sur l'impact fiscal de ce déménagement (le taux d'IS est de 20% au Royaume-Uni contre 33,3% en France), Thierry Pilenko a assuré que la nouvelle société aura la même base fiscale en France. Le choix de Londres a été dicté par la volonté de se baser sur un territoire neutre pour les deux entreprises, a justifié le dirigeant.

Après l'essentiel des activités d'Alstom, Alcatel-Lucent et Lafarge, l'industrie française s'apprête à perdre encore l'un de ses grands acteurs.