Milan (awp/afp) - Le titre Telecom Italia a fini vendredi sur une chute de 2,72%, à 0,8045 euro, à la Bourse de Milan, après des informations de presse évoquant une rupture insurmontable entre le patron de l'opérateur, Flavio Cattaneo, et son principal actionnaire, Vivendi.

Selon l'agence Bloomberg, citant des sources proches du dossier, Vivendi estimerait impossible de résoudre les divergences avec M. Cattaneo, et le départ de ce dernier devrait survenir "dans les prochains jours".

Vivendi envisagerait de mettre un trio de dirigeants à sa place. Il s'agirait d'Amos Genish, responsable de la convergence chez Vivendi, de Giuseppe Recchi, l'actuel vice-président qui verrait ses pouvoirs élargis, et d'Arnaud de Puyfontaine, actuel président de l'opérateur.

Contacté par l'AFP, Vivendi s'est refusé à tout commentaire.

Ces derniers jours, une source proche du dossier avait fait état auprès de l'AFP de tensions extrêmement fortes entre M. Cattaneo et le groupe de médias français.

Ces dernières semaines, le ton est monté entre M. Cattaneo et le gouvernement italien au sujet du déploiement de réseaux haut débit dans les zones blanches. Le patron de Telecom Italia a accusé Rome de faire des appels d'offres conçus "ad hoc", des propos vivement condamnés par le gouvernement.

Le ton que M. Cattaneo a employé a "déplu à Vivendi", avait indiqué la source proche. "La situation est très tendue", avait-elle souligné, en ajoutant que les déclarations mardi matin de M. Cattaneo n'avait également pas plu au groupe français.

Ce dernier avait alors démenti toute tension avec Vivendi et les rumeurs sur son possible départ.

"Je suis bien chez Tim et je n'ai aucune tension avec les actionnaires, le conseil d'administration ou le président" de Puyfontaine, qui est aussi président du directoire de Vivendi, avait affirmé M. Cattaneo.

Les rumeurs sur mon départ "sont toutes fausses", avait-il dit, soulignant: "j'ai un contrat qui se termine en mai 2020 et mon intention est de le respecter jusqu'au dernier jour".

D'après le contrat qu'il a négocié, M. Cattaneo pourrait encaisser quelque 50 millions d'euros en cas de départ non volontaire. Selon Bloomberg, des négociations sont en cours à ce sujet. Si cette somme était versée, il s'agirait du parachute doré le plus important versé en Italie depuis 1998. Cesare Romiti avait alors touché 101 millions d'euros lors de son départ de Fiat.

Un conseil d'administration de l'opérateur est prévu le 27 juillet.

Nommé en mars 2016 avec le soutien de Vivendi, M. Cattaneo a réalisé un travail de redressement des comptes de Telecom Italia, salué par les analystes, mais le titre est en revanche en berne de quelque 13% depuis son arrivée.

"Nous évaluerions comme un élément négatif le départ de Cattaneo parce que durant les quatre premiers trimestres sous sa gestion, Tim a clairement amélioré (sa) performance de tout point de vue; un divorce prématuré serait une indication qui minerait la confiance sur la pleine exécution du plan jusqu'à 2019", ont jugé les analystes d'Equita Sim.

Vivendi a récemment resserré son emprise sur l'opérateur dont il contrôle 23,9% du capital, en prenant le contrôle des deux tiers des sièges du conseil d'administration et en nommant M. de Puyfontaine à sa présidence exécutive.

Ces tensions ouvrent un deuxième front pour Vivendi en Italie, où il est déjà à couteaux tirés avec le groupe de télévision Mediaset, dont il est le deuxième actionnaire derrière la famille Berlusconi.

afp/rp