Paris (awp/afp) - Le PDG d'Orange Stéphane Richard a franchi une étape supplémentaire vers un troisième bail à la tête de l'opérateur historique, après le vote mardi du conseil d'administration en faveur du renouvellement de son mandat, un choix soutenu par l'Etat actionnaire.

C'est désormais à l'assemblée générale des actionnaires, le 4 mai prochain, de se prononcer sur le maintien de M. Richard à la présidence du premier opérateur téléphonique hexagonal, des formalités a priori sans suspense, même si une hypothèque judiciaire pèse encore sur le destin du dirigeant.

Le patron d'Orange dispose du soutien de l'Etat, premier actionnaire du groupe avec 23% du capital, dont 9,5% via Bpifrance, mais également des salariés, qui en sont le deuxième actionnaire avec un peu plus de 5,3%.

Interrogé le 22 janvier dernier sur Radio Classique, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait estimé que le PDG du groupe avait "fait du bon travail à la tête d'Orange donc il a vocation à être reconduit".

Du côté des salariés, on lui sait gré d'avoir apaisé les tensions au sein du groupe alors que ce dernier était marqué par un contexte social difficile lors de l'arrivée de M. Richard à sa tête, en 2011.

L'opérateur était en effet profondément marqué par une série de suicides intervenue entre 2008 et 2009, sous le mandat de son prédécesseur, Didier Lombard.

Signe du travail réalisé dans un premier temps par la nouvelle direction, une étude réalisée par Secafi a montré qu'Orange était passé de 39% de salariés fiers d'appartenir au groupe en 2009 à 81% trois ans plus tard.

Un climat social d'ailleurs pris en compte par les actionnaires, qui ont justifié leur vote de mardi par "le bilan positif de Stéphane Richard depuis huit ans à la tête d'Orange où il a su renouer avec une dynamique sociale et économique malgré un contexte concurrentiel difficile en France et à l'international".

"les choix stratégiques de Stéphane Richard en matière d'internationalisation et de diversification des activités, ainsi que les programmes d'innovation et d'investissement engagés dans les réseaux très haut débit et les services digitaux" sont également des éléments qui "justifiaient pleinement cette confiance renouvelée", selon le communiqué.

- Mise en examen -

Une épée de Damoclès est cependant suspendue au-dessus de la tête de M. Richard, mis en examen en tant qu'ex-directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, dans l'affaire de l'arbitrage Tapie. Il doit être jugé pour "complicité d'escroquerie" et "complicité de détournement de fonds publics".

En cas de condamnation, il devra remettre son mandat, a prévenu M. Le Maire, même si les statuts du groupe ne prévoient normalement pas de révocabilité du président.

Aucun autre candidat ne s'est officiellement déclaré pour tenter de briguer la tête d'un groupe présent désormais dans près d'une trentaine de pays, même si de nombreuses rumeurs ont parlé d'un intérêt de Nicolas Dufourcq, président de Bpifrance et siégeant au conseil d'administration d'Orange, groupe où il a réalisé une partie de sa carrière, entre 1994 et 2002.

Durant les deux premiers mandats de M. Richard, l'opérateur historique a réalisé une série d'acquisitions, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, axes majeurs de croissance pour le groupe.

Orange a également renforcé sa position en Espagne, son deuxième marché européen, avec l'acquisition de Jazztel, finalisée en mai 2015, qui lui permet de se placer derrière Telefonica.

L'opérateur s'est en outre diversifié, avec Orange Cyberdéfense, dans la cybersécurité, Orange HealthCare et, en novembre dernier, Orange Bank, banque 100% mobile pour laquelle il revendiquait 50.000 clients en fin d'année.

Stéphane Richard n'a jamais caché sa volonté de poursuivre le développement de la banque mobile, qui devrait proposer dans les prochaines semaines des crédits à la consommation et dont l'ambition est d'atteindre les deux millions de clients en cinq ans.

L'opérateur historique envisage toujours également une introduction en Bourse de ses activités africaines et moyen-orientales, où Orange est présent dans un peu plus d'une vingtaine de pays et revendique 121 millions de clients.

Se poserait enfin la question de la participation de l'Etat au capital d'Orange, alors que l'opérateur est cité régulièrement parmi les entreprises dont il serait susceptible de se désengager à court ou moyen terme.

afp/rp