Madrid (awp/afp) - Le géant espagnol des télécoms Telefonica a vu son bénéfice net 2016 amputé de 14% par la prolongation d'un plan de départs volontaires en Espagne, sur fond de résultats mitigés malgré une légère réduction de son énorme dette.

Le résultat net a atteint 2,36 milliards d'euros, mais il aurait été de 4 milliards d'euros sans la lourde provision destinée à couvrir les coûts liés à la restructuration, explique Telefonica dans le communiqué publié jeudi.

Le groupe a mis de côté 1,4 milliard d'euros au total, dont 856 millions en Espagne, où il a décidé de prolonger jusqu'en 2018 le plan de départs volontaires lancé en 2015.

Il compte ainsi économiser 100 millions d'euros supplémentaires par an à partir de 2019.

Entre décembre 2015 et décembre 2016, le nombre d'employés a baissé de 13% en Espagne, pour s'établir à un peu plus de 28.100 personnes, principalement à cause du plan de départs, a expliqué un porte-parole de Telefonica.

Hormis le problème de la restructuration, les résultats sont "mitigés" avec une "chute du chiffre d'affaires", constatent les analystes de Bankinter.

Les ventes ont baissé d'environ 5% à 52 milliards d'euros, tirées vers le bas par les mauvais résultats dans les pays hispanophones d'Amérique latine, (-12%), ainsi qu'en Allemagne (-5%) et au Royaume-Uni (-12,5%).

Le chiffre d'affaires a néanmoins progressé dans les deux premiers marchés du groupe. En Espagne d'abord (+2,5%), grâce surtout aux offres combinées télévision-téléphones. Telefonica base sa stratégie sur les services à forte valeur ajoutée (fibre, télévision payante, 4G, smartphone).

Au Brésil ensuite, mais plus légèrement (+0,3%), en raison de l'impact du taux de change. Dans ce pays, "les perspectives sont bonnes" et Telefonica conserve une "solide position de leader", estime dans une note Ivan San Felix Carbajo, analyste chez Renta 4.

STAGNATION EN 2017

L'impact défavorable des taux de change, en particulier au Brésil et au Royaume-Uni, a coûté 835 millions d'euros à Telefonica, mais s'est réduit en fin d'année, précise le groupe.

Néanmoins, le résultat opérationnel avant amortissement (OIBDA), qui sert de référence aux analystes pour Telefonica, a progressé de 14% à 15 milliards d'euros. Une hausse saluée par les investisseurs à la Bourse de Madrid, où le titre prenait 2,49% à 9,58 euros dans un marché en hausse de 0,51% vers 15H20 (14H20 GMT).

Le groupe a également réussi à réduire légèrement sa dette financière nette à un peu moins de 48,6 milliards d'euros, en ligne avec les attentes des analystes. Fin 2015, elle dépassait les 49 milliards d'euros.

L'endettement reste toutefois un enjeu majeur pour Telefonica. Pour l'alléger, l'entreprise vient de vendre 40% de sa filiale d'infrastructures Telxius au fonds d'investissement KKR, pour 1,27 milliard d'euros.

Le groupe avait auparavant tenté d'introduire Telxius en Bourse mais avait dû y renoncer au dernier moment, faute d'intérêt suffisant des investisseurs.

Pour récolter de l'argent frais, Telefonica n'exclut pas d'introduire en Bourse sa filiale britannique O2. Il comptait la vendre au conglomérat hongkongais Hutchison Whampoa, mais la Commission européenne avait interdit cette transaction par crainte d'une hausse des tarifs pour les consommateurs du Royaume-Uni.

La situation ne devrait pas beaucoup s'améliorer en 2017 pour Telefonica, qui prévoit une stabilité de son chiffre d'affaires.

Le président exécutif José Maria Alvarez-Pallete, en poste depuis moins d'un an, a dit dans un communiqué craindre pour les marchés européens les "impacts réglementaires" liés à la fin des frais d'itinérance. Les coûts de "roaming" doivent être supprimés définitivement en juin dans l'Union européenne.

afp/fah