Zurich (awp) - L'action du développeur de logiciels bancaires Temenos avait les faveurs de la cote lundi, après avoir vu vendredi son offre de rachat sur son homologue britannique Fidessa surenchérie par la société d'investissement irlandaise Ion Investment. Le groupe genevois avait alors annoncé ne pas vouloir relever son offre et lancer un programme de rachat d'actions. La plupart des analystes ont jugé cette manière de faire sensée.

La nominative Temenos a bondi de 5,5% à 125,50 francs suisses, dans un SPI en modeste hausse de 0,12%.

La contre-offre de Ion pour le rachat de Fidessa a été annoncée quelques heures à peine avant l'échéance impartie par le régulateur britannique. Avec une offre à 38,703 livres sterling par action en espèces, agrémentée d'un dividende de 0,797 livre, pour un total avoisinant 1,5 milliard de livres, l'investisseur irlandais a coupé l'herbe sous les pieds de Temenos, dont les 35,67 livres offerts par action valorisaient Fidessa à seulement 1,4 milliard (environ 1,8 milliard de francs suisses).

Temenos a expliqué ne pas vouloir se lancer dans une surenchère et a annoncé dans la foulée un programme de rachat d'actions pour un maximum de 250 millions de dollars, dont le lancement est prévu encore avant la fin du trimestre en cours.

Pour Vontobel, la décision de Temenos est "raisonnable et disciplinée". L'analyste de la banque privée zurichoise salue le renoncement à une "potentielle guerre d'enchères" pour une acquisition cosmétique. Comme avec Mysis en 2012, la direction de Temenos a une nouvelle fois montré que les acquisitions ne sont réalisées que lorsqu'elles ont du sens sur le plan financier.

OPPORTUNITÉS À VENIR

Selon les experts de Kepler Cheuvreux, la décision de Temenos est "rassurante et démontre que l'entreprise a à coeur la création de valeur pour ses actionnaires". Au vu des fortes tendances du marché et de la position de leader du groupe dans l'offre de produits, d'autres opportunités de croissance vont à n'en pas douter se présenter.

Les deux instituts confirment leur recommandation d'achat du titre (buy) assortie d'un objectif de cours à 132 francs suisses pour Kepler Cheuvreux et à 166 francs suisses pour Vontobel. Même son de cloche du côté de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), qui applaudit des deux mains la décision et campe sur sa note "surpondérer".

Bryan Garnier fait preuve de plus de circonspection, avec sa recommandation "neutral". Si elle salue le programme de rachat de titres, la banque d'affaires franco-américaine souligne qu'il faudrait des gros contrats d'au moins 5 millions de dollars pour donner de nouvelles impulsions positives au cours de l'action.

La voix de Baader Helvea résonne en nette dissonance avec celle de ses homologues, soulignant que "les investisseurs agressifs (bulls) vont sans doute saluer la décision de vendredi". Le courtier genevois rappelle cependant que l'intention initiale de reprendre Fidessa était motivée par le souci de palier les doutes entourant les perspectives de croissance organique de Temenos.

Il évoque également des risques pouvant se concrétiser d'un moment à l'autre, et anticipe un net ralentissement de la croissance en raison de paiements d'étape. Par ailleurs, avec une marge de 30,3% en 2017, Temenos se situe à la limite supérieure de 35% que les purs développeurs de logiciels ne parviennent que rarement à dépasser. La recommandation "sell" reste de mise, pour un objectif de cours à 45 francs suisses.

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