Zurich (awp) - Temenos va procéder en 2018 une importante acquisition, qui doit lui permettre d'assurer sa croissance ses prochaines années. Elle va s'emparer de la société informatique Fidessa, basée à Londres, pour un montant de 1,4 mrd GBP financé vraisemblablement par une augmentation de capital. Les synergies permettront une économie annuelle de 60 mio USD.

Le groupe genevois a confirmé mercredi avoir conclu un accord avec le conseil d'administration de Fidessa, en vue de la reprise de l'entreprise britannique. Il avait annoncé la veille son intention de procéder éventuellement à l'acquisition.

Temenos compte finaliser l'opération au cours du premier semestre, permettant une amélioration des recettes et du bénéfice par action au bouclement 2018 déjà, a assuré le développeur de logiciels dans un communiqué.

Les détails de l'offre n'ont pas changé depuis mardi. Les actionnaires de Fidessa se voient proposer 35,67 GBP par titre, en numéraire. Ce prix représente une prime de 36,9% sur le cours de clôture au 16 février. Le dividende de 0,797 GBP au titre de 2017 sera également versé aux propriétaires actuels de la société londonienne.

Temenos a déjà esquissé les contours de la nouvelle entité. Sur une base pro forma, le groupe élargi présenterait à fin 2017 un chiffre d'affaires de 1,23 mrd USD, contre 736,7 mio sans Fidessa. Le résultat brut d'exploitation (ebitda) s'inscrirait à 398 mio, pour une marge afférente de 32,3%.

Fondé en 1981 et basé à Londres, Fidessa développe des logiciels et fournit des services pour le négoce et l'investissement, mais aussi la gestion et les marchés des capitaux. En 2017, l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 353,9 mio GBP (+7%) et dégagé un bénéfice après impôts stable de 35,7 mio GBP, selon les chiffres non audités publiés lundi.

L'acquisition est complémentaire en termes de produits, mais également du point de vue géographique, a affirmé mercredi le directeur financier (CFO) Max Chuard lors d'une conférence téléphonique. Temenos est très présent en Europe et au Moyen-Orient, alors que Fidessa déploie principalement ses activités en Amérique du Nord et au Japon.

A l'avenir, les recettes proviendraient à 42% d'Europe, 29% du continent américain, 20% d'Asie/Pacifique et 9% du Moyen-Orient et Afrique.

DÉCOTATION PRÉVUE DE FIDESSA

La transaction débouchera sur des synergies équivalent à une économie de coûts annuelle de 60 mio USD. Les réductions de coûts se feront par le biais d'une meilleure utilisation de l'infrastructure et une décotation de Fidessa, actuellement négocié à la Bourse de Londres. Aucune suppression de poste n'est prévue dans l'équipe de vente.

La reprise de Fidessa devrait représenter un moteur de croissance pour Temenos. Le développeur genevois de logiciels bancaires n'articule toutefois aucun objectif pour l'instant. "Nous voulons tout d'abord finaliser la transaction", a expliqué le CFO.

Afin de financer l'opération, Temenos a contracté un crédit de 1,43 mrd GBP. Le groupe envisage de procéder à une augmentation de capital après la transaction, afin de réduire sa dette à quatre fois l'ebitda.

Il estime que la génération de liquidités du groupe élargi avec Fidessa permettra de réduire le levier financier qui pèsera sur Temenos. La politique de dividende demeurera inchangée.

La nominative Temenos a cédé sur la journée de mercredi 1,2% à 114 CHF, à contre-courant d'un SPI en hausse de 0,13%.

La communauté des analystes avaient salué l'annonce faite mardi, louant tour à tour la pertinence stratégique et financière de l'acquisition. La Banque cantonale de Zurich (ZKB) estimait le prix conforme au marché.

L'établissement zurichois a repris sa plume mercredi. Selon la ZKB, le bénéfice augmentera dès la première année de 5% grâce à cette acquisition. Selon l'analyste Andreas Müller, de nombreux établissements en Asie ou en Europe développement le négoce à côté des activités traditionnelles de banque de détail et de gestion. Cela offre des opportunités de ventes transversales.

Temenos est prêt à diluer ses marges à court terme afin de saisir une opportunité de mieux performer sur le marché, affirme l'analyste Josh Levin, de Citigroup.

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