Londres (awp/afp) - Le géant des supermarchés Tesco est en passe de se renforcer sur le très disputé marché britannique avec l'achat du principal grossiste du pays, Booker, auquel l'Autorité de la concurrence a donné son accord de principe.

L'Autorité de la concurrence (CMA) a annoncé ce feu vert mardi dans un communiqué, ce dont s'est immédiatement félicité Tesco qui prévoit de boucler début 2018 cette acquisition qui valorise Booker 3,7 milliards de livres (4,1 milliards d'euros).

La CMA avait ouvert une enquête approfondie en juillet afin d'examiner les conséquences de ce rachat alors que les supermarchés Tesco auraient pu doublonner avec des magasins indépendants approvisionnés par Booker.

Finalement, la CMA a donné son accord provisoire, jugeant que la fusion ne menaçait pas la concurrence sur le marché, puisque selon elle les magasins Tesco et Booker ne sont pas des rivaux directs. En particulier, Tesco n'est pas présent dans le secteur des traiteurs qui représente plus de 30% des ventes de Booker.

"Notre enquête a estimé que la concurrence existante est suffisamment forte dans les secteurs du commerce de gros et de détail pour faire en sorte que la fusion entre Tesco et Booker n'entraînera pas de hausse de prix ou un service réduit pour les consommateurs dans les supermarchés et supérettes", explique Simon Polito, en charge de l'enquête pour la CMA.

Tesco a précisé qu'il allait continuer à travailler avec la CMA qui doit rendre son rapport définitif d'ici la fin décembre.

Le groupe, numéro un britannique des supermarchés, a annoncé fin janvier vouloir racheter Booker, afin de renforcer considérablement sa force de frappe sur le marché, alors qu'il est progressivement en train de tourner le dos à des années moroses marquées par des résultats en berne et un retentissant scandale comptable.

Il possède une part de marché de 28% selon les derniers chiffres du cabinet Kantar, même si cette dernière s'est effritée ces dernières années sous la pression de la concurrence des enseignes de maxi discompte comme Aldi et Lidl.

- Secteur en mutation -

"Le secteur des supermarchés doit se réinventer" et "Tesco ne peut pas se reposer sur ses lauriers alors que le reste du secteur bouge dans tous les sens", remarque Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.

La forte concurrence et l'essor de la vente en ligne ont récemment poussé Sainsbury's à acquérir la société de ventes par catalogue Argos, tandis que Morrisons a conclu un partenariat avec Amazon, le géant américain du commerce en ligne ayant lui-même frappé fort en rachetant la chaîne américaine d'alimentation Whole Foods qui dispose de plusieurs magasins au Royaume-Uni.

A une échelle plus locale, les supérettes Nisa vont quant à elles être rachetées par les supermarchés Co-op.

La fusion permet à Tesco d'obtenir un levier supplémentaire auprès des fournisseurs pour négocier des tarifs bon marché, au moment où les supermarchés se livrent une guerre des prix au Royaume-Uni, rendue encore plus délicate en raison de la poussée de l'inflation.

"Tout ce qui peut être fait pour limiter les coûts dans des domaines comme l'approvisionnement, la chaîne logistique, l'implantation de magasins est une bonne chose", observe Neil Wilson, analyste chez ETX Capital, rappelant que "les discounters talonnent les quatre grands", à savoir Tesco, Sainsbury's, Asda (propriété de Wal-Mart) et Morrisons, qui se partagent 70% du marché.

Booker est le plus grand groupe britannique dans le commerce de gros, proposant des biens alimentaires à des clients allant des restaurants aux petites enseignes de distribution, en passant par les pubs ou la restauration collective.

Tesco exploite plus de 3.000 supérettes, supermarchés et hypermarchés au Royaume-Uni, où Booker est le fournisseur d'un peu plus de 5.000 magasins d'alimentation indépendants.

Malgré les craintes émises ces derniers mois par certains actionnaires sur le prix élevé payé par Tesco et les risques liés à l'intégration d'un groupe de la taille de Booker, le marché saluait la nouvelle du jour. Tesco prenait 5,11% à 186,05 pence et Booker 5,09% à 208,70 pence vers 10H00 GMT à la Bourse de Londres.

afp/rp