L'équipementier Thales, actionnaire à 35% de DCNS, avait déjà annoncé fin janvier prévoir une perte nette de l'ordre de 300 millions d'euros pour cette entreprise.

"On a un degré de confiance suffisant sur l'analyse des comptes 2014 pour anticiper que dès 2015 on sera revenu à une profitabilité (...) faiblement positive", a expliqué le PDG de DCNS Hervé Guillou à des journalistes.

Le groupe, dont l'Etat détient 64% et les salariés 1%, a pâti des provisions sur le contrat de sous-marins Barracuda pour l'armée française et le réacteur de recherche Jules Horowitz développé pour le Commissariat à l'énergie atomique (CEA).

DCNS a dû également compter sur la non-livraison du premier des deux navires de guerre Mistral à la Russie, qui était prévue en octobre 2014, à la suite de la décision de la France de geler ce contrat en raison du conflit en Ukraine.

Le groupe, qui ne souhaite pas communiquer sur l'impact financier de cette décision sur ce contrat évalué à près de 1,2 milliard d'euros, continue à poursuivre selon le calendrier prévu la production du deuxième Mistral, dont la livraison était programmée à l'origine pour octobre prochain.

Si la France décidait de ne pas livrer les Mistral à la Russie, Moscou devrait donner son aval pour l'exportation des bateaux à un autre pays et l'adaptation à ce nouveau client coûterait de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d'euros selon ses besoins.

PLAN À MOYEN TERME EN JUILLET

Pour retrouver le chemin de la rentabilité, DCNS dit viser un gain de l'ordre de 100 millions d'euros en 2015 grâce à des économies et présentera en juillet un plan à moyen terme.

Le groupe s'est également donné six mois pour fixer ses priorités stratégiques dans l'énergie marine où il s'est beaucoup diversifié, a précisé Hervé Guillou, nommé en juillet dernier.

DCNS compte également profiter de la hausse de 59% de ses prises de commandes à 3,6 milliards l'an dernier, espérant atteindre un peu plus de trois milliards d'euros en 2015.

Le groupe a conclu la vente de quatre corvettes Gowind à l'Egypte en juillet 2014, avant celle d'une frégate multimissions Fremm, évaluée à près d'un milliard d'euros, comprise dans le contrat incluant 24 avions Rafale et des missiles signé le 12 février pour un total de 5,2 milliards d'euros.

Cette année, DCNS pourra compter sur deux contrats pour l'armée française: le renouvellement des sous-marins nucléaires d'attaque et l'adaptation des sous-marins lanceurs d'engins (SNLE) à la nouvelle génération de missiles M51.

A l'export, le gouvernement australien va évaluer dix mois durant les offres de DCNS et de ses concurrents japonais et allemand pour un contrat de sous-marins.

DCNS est également positionné aux Emirats arabes unis et en Pologne.

Le groupe, qui a déjà noué des coentreprises au Brésil et en Malaisie et espère le faire en Inde, réfléchit à se lancer dans la maintenance en Arabie saoudite et à s'allier à des chantiers navals en Egypte pour s'installer dans ces deux pays où il a déjà engrangé des contrats, a précisé Hervé Guillou.

DCNS a vu son chiffre d'affaires baisser de 3,312 milliards en 2013 à 3,066 milliards d'euros en 2014, dont un tiers à l'international, un tiers dans les programmes français tels que les Fremm et le Barracuda, et le solde dans les services.

Thales publiera ses résultats 2014 jeudi matin avant l'ouverture de la Bourse.

(Cyril Altmeyer, édité par Dominique Rodriguez)