Le gouvernement indien a indiqué de son côté n'avoir identifié aucun risque immédiat pour sa sécurité à la suite de la diffusion, révélée mercredi par un quotidien australien, de 22.000 pages de documents concernant les six sous-marins construits par DCNS pour l'Inde.

"Ce n'est pas une fuite, c'est un vol, une malveillance", a expliqué la source française.

"On n'a pas pu identifier une négligence de la part de DCNS, on a plutôt identifié une malhonnêteté individuelle", a-t-elle ajouté.

Les documents, selon cette source, ont très probablement été volés par un ancien salarié français, licencié pour faute après avoir travaillé chez un sous-traitant de DCNS assurant la formation en Inde sur l'utilisation des sous-marins. La source n'a pas identifié cette société sous-traitante.

A ce stade, les données volées concernent le mode d'emploi des sous-marins et il paraît très improbable que des documents classifiés aient été dérobés, les règles pour leur détention étant très complexes, a ajouté la source.

DCNS, filiale à 35% de Thales, s'est refusé à tout commentaire tandis que le ministère de la Défense n'était pas immédiatement disponible.

La France et l'Inde ont ouvert mercredi une enquête à la suite des révélations du quotidien The Australian.

"Les documents qui ont été publiés (...) ont été étudiés et ne posent aucun risque du point de vue de la sécurité car les paramètres essentiels ont été occultés", a dit le ministère indien de la Défense dans un communiqué.

MODES D'EMPLOI

Selon la source gouvernementale française, les documents volés qui ont pu être identifiés à ce stade sont des modes d'emploi des sous-marins, en particulier pour leur entretien, mais n'indiquent en aucun cas comment les détecter.

"C'est la documentation rédigée à l'intention des Indiens, pas des données internes à DCNS ou à la France" a précisé cette source. "Cela n'a rien à voir avec la fuite des plans de construction d'une arme, d'un radar ou d'un sonar",

DCNS n'a pas exclu mercredi que cette diffusion massive de documents soit partie prenante d'une "guerre économique" au moment où DCNS négocie en Australie un méga-contrat de sous-marins pour 50 milliards de dollars australiens (34 milliards d'euros).

"C'est une opération de déstabilisation avérée : une affaire qui se passe en Inde resurgit en Australie alors qu'il n'y a aucun rapport entre les deux", a déclaré la source gouvernementale.

L'Australie a choisi DCNS fin avril pour des discussions exclusives jusqu'à la fin de l'année sur l'acquisition de 12 sous-marins, alors que l'allemand Thyssenkrupp Marine Systems (TKMS) était donné largement favori et qu'un consortium japonais était aussi en lice.

"On va resserrer tous les boulons pour tous ceux qui vont aller travailler en Australie", a souligné cette source. "On va revoir les procédures pour que quelqu'un n'ait plus accès à lui seul à 22.000 pages de manuels à l'avenir."

Des entretiens sont prévus très prochainement par voie diplomatique entre la France et l'Australie pour garantir à Canberra qu'un tel incident ne puisse pas se reproduire dans le cadre de la négociation du contrat de sous-marins, a ajouté la source.

(Avec Douglas Busvine à New Delhi, Marc Angrand pour le service français, édité par Gwénaëlle Barzic)

par Cyril Altmeyer