PARIS, 24 août (Reuters) - La révélation d'une fuite massive de données de DCNS tombe mal pour le constructeur naval français, parvenu cette année à bénéficier d'une aura internationale grâce à son méga-contrat avec l'Australie après des problèmes d'exécution de contrats qui avaient plombé ses comptes.

DCNS, dont Thales détient 35%, a renoué avec les bénéfices l'an passé notamment en améliorant ses délais de livraison et en réduisant le nombre de ses fournisseurs. Il avait dit en février viser cette année une hausse de l'ordre de 10% à 15% de son bénéfice net.

La France et l'Inde ont annoncé mercredi enquêter sur une fuite de plus de 22.000 documents liés aux six sous-marins Scorpène conçus par DCNS pour la marine indienne. Cette révélation intervient alors que DCNS négocie depuis fin avril le "contrat du siècle" sur la fourniture de 12 sous-marins de type Barracuda à l'Australie pour 50 milliards de dollars australiens (34 milliards d'euros).

Un porte-parole de DCNS a déclaré que le groupe cherchait à déterminer si cette fuite causerait des préjudices pour ses clients en vue d'établir des "plans d'action".

DCNS, dont l'Etat français possède 62% du capital, avait vu son résultat opérationnel se dégrader en 2013 en raison de difficultés d'exécution dans le nucléaire civil.

En 2014, le groupe avait accusé une perte nette de 347 millions d'euros sous l'effet de l'augmentation des coûts de programmes de défense, comme ses sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda.

En 2015, DCNS est parvenu à renouer avec un bénéfice net de 58 millions d'euros.

Frank Le Rebeller, le directeur financier de DCNS, avait dit en février que les priorités pour 2016 étaient l'exécution des programmes et la conquête de nouveaux marchés à l'international.

La Pologne cherche à acquérir trois sous-marins mais n'a pas encore lancé son appel d'offres pour ce contrat évalué à 1,7 milliard d'euros. DCNS a proposé le Scorpène en concurrence avec, selon la presse polonaise, Thyssenkrupp Marine Systems (TKMS) et le suédois Swedish Saab Kockums.

La Norvège a de son côté présélectionné DCNS et TKMS début avril pour un contrat d'au moins quatre sous-marins pour lequel le français a proposé également le Scorpène.

L'Inde discuterait, elle, de l'achat de trois sous-marins Scorpène supplémentaires en plus de six unités commandées en 2005, selon une source proche du dossier.

Le Chili et la Malaisie utilisent chacun deux Scorpène, tandis que le Brésil a commandé quatre unités de ce sous-marin que la marine française n'utilise pas. (Cyril Altmeyer, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : ThyssenKrupp AG, Thales, Saab AB