Tokyo (awp/afp) - Le groupe japonais Panasonic vise désormais l'Europe pour élargir sa base de clients de systèmes de pile à combustible pour particuliers, ont confié vendredi des dirigeants, tandis que son compatriote Toshiba, lui, renonce, même au Japon.

Les deux monopolisent le marché avec un autre japonais, Aisin Seiki. Les dispositifs qu'ils proposent permettent aux foyers de produire leur propre électricité ainsi que de l'eau chaude courante qui alimente aussi des radiateurs.

"Sur le marché japonais, nous avons vendu notre premier modèle en 2009, après dix ans de recherches", a expliqué à quelques journalistes Shinsuke Morita, un des responsables de la commercialisation de ces produits.

Les piles à combustible fonctionnent sur le principe de l'électrolyse inversée, créant de l'électricité et de l'eau chaude à partir d'atomes d'hydrogène dont ont été extirpés des électrons.

L'hydrogène est lui-même produit sur place à partir de gaz naturel.

Au Japon, Panasonic a vendu 200.000 unités de ses modèles, mais les marchés étrangers, "même s'ils sont potentiellement intéressants, posent des défis nouveaux", reconnaît M. Morita.

Par exemple, en Allemagne, où le groupe a trouvé en la société Viessmann un partenaire industriel, les impuretés contenues dans le gaz compliquent la tâche et des adaptations techniques sont nécessaires.

La France est aussi regardée, "mais le coût de l'électricité y est très bas et les piles à combustible encore trop chères pour offrir une solution attractive, même si d'un autre côté se construisent dans l'Hexagone de nombreuses maisons individuelles qui pourraient potentiellement s'équiper", détaille M. Morita.

Panasonic convoite aussi les Etats-Unis, mais là encore voit pour le moment surtout les obstacles.

Pour un pays comme le Japon, qui importe quasiment toute son énergie (gaz, pétrole, charbon), la voie de l'hydrogène est jugée essentielle pour élever l'indépendance énergétique.

Une centrale thermique ne convertit en électricité que 41% de l'énergie primaire reçue (charbon, gaz), le reste étant perdu, tandis qu'un système à pile à combustible utilisant du gaz en transforme, via l'hydrogène, 39% en électricité et 56% en chaleur récupérée.

Cependant, la construction d'une infrastructure dédiée desservant directement les foyers n'est pas pour demain, de l'avis de Motomichi Kato, directeur du département de planification de ce type de systèmes chez Panasonic.

Le coût et la durée de vie (une douzaine d'années pour les modèles les plus récents) sont un autre frein. "Nous devons réduire les prix, qui sont actuellement de l'ordre du million de yens (8.000 euros)", reconnaît le responsable.

Alors que Panasonic compte aussi proposer ses piles à combustible prochainement en Grande-Bretagne et Australie, Toshiba a de son côté annoncé cette semaine "l'arrêt à compter du mois de juillet de la fabrication et de la vente de ce type d'équipements pour les particuliers, dans le cadre de la stratégie de recentrage de ses activités".

Toshiba est à court d'argent à cause de déboires de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse.

afp/al