En repli de 2% à l'ouverture, Total a progressivement effacer ses pertes pour gagner désormais 1,75% à 43,69 euros après l'annonce du décès brutal de son PDG, Christophe de Margerie. Les investisseurs ne semblent donc pas inquiets sur l'avenir de la deuxième capitalisation parisienne. D'autant que le conseil d'administration devrait rapidement annoncer le nom du successeur de Christophe de Margerie. A ce stade, deux candidatures sont évoquées : Philippe Boisseau, directeur général de la branche marketing & services, Patrick Pouyanné, patron de la branche raffinage-chimie.


Interrogé par AOF, un courtier parisien affiche sa confiance dans la capacité du quatrième groupe pétrolier mondial derrière Exxon , Royal Dutch Shell et Chevron à mener bien la succession. "Les deux dauphins naturels, Philippe Boisseau et Patrick Pouyanné, ont tous les deux accompli l'essentiel de leur carrière dans le groupe où ils ont exercé des responsabilités dans l'Exploration-Production, la branche stratégique du groupe".

Dans ce cadre, le broker estime que le nouveau dirigeant poursuivra le tournant stratégique amorcée par Christophe de Margerie en septembre dernier, à savoir une réduction des investissements et des coûts afin de garantir la rentabilité du groupe dans un contexte de faiblesse persistante des cours du pétrole. "Total a été l'une des premières majors à réviser à la baisse ses investissements dans l'Exploration-Production. Le groupe devrait conserver ce leadership stratégique dans les mois qui viennent", assure le bureau d'études.

Pour Alexandre Andlauer, analyste chez AlphaValue, Philippe Boisseau pourrait tenir la corde. "Il a réalisé un très bon travail en tant que directeur général de l'Exploration-Production de 2002 à 2007 et était très proche de Christophe de Margerie, qui a également occupé ces fonctions par le passé. A cet égard, il connaît, comme son prédécesseur, le Moyen-Orient. Sa nomination à la direction de la branche marketing & services témoigne en outre de son savoir faire dans la restructuration".

L'enjeu est d'importance, affirme le bureau d'analyse : "Alors que le cours du pétrole est amené à osciller vers les 70-80 dollars le baril au cours des prochaines années, Philippe Boisseau pourrait être l'artisan de la « révolution » de Total en adoptant une approche différente du business model (plus petite et efficace)".

C'est selon lui "la seule solution pour stabiliser la rentabilité à moyen terme du groupe qui est en train de devenir une société gazière. De lourdes restructurations sur plusieurs années sont nécessaires dans l'ensemble du groupe, y compris la branche Exploration-Production mais Philippe Boisseau a prouvé sa capacité à réduire la voilure, et s'adapter à un environnement changeant".

(P-J.L)