PARIS (awp/afp) - Le Premier ministre Manuel Valls a promis de poursuivre les déblocages avant de recevoir samedi à Matignon les pétroliers et les transporteurs pour faire le point sur l'approvisionnement en carburant, perturbé par la fronde contre la loi travail.

"Ma responsabilité comme chef du gouvernement, c'est de faire en sorte que les Français puissent s'approvisionner en essence, que les entreprises ne soient pas pénalisées par des blocages", a affirmé le Premier ministre face à des lecteurs d'Aujourd'hui en France/Le Parisien.

"Donc nous continuerons avec détermination à évacuer", a promis M. Valls, avant de se réunir avec les pétroliers et les transporteurs, deux des secteurs les plus touchés par les blocages.

L'objectif de la réunion prévue en fin de matinée à Matignon est de "faire le point sur la situation de l'approvisionnement en carburants, les actions entreprises et celles planifiées".

Parmi ces actions, les agriculteurs ont obtenu une dérogation pour utiliser du fioul domestique dans leurs tracteurs.

Les hôteliers et restaurateurs se sont aussi alarmés d'"annulations importantes" à Paris et dans le Grand Ouest, en raison des mouvements de grève et des problèmes de carburant de ces derniers jours.

- "Pas de retrait" de l'article 2 -

Dans ce contexte, M. Valls a laissé la "porte ouverte" à des discussions sur la loi travail mais s'est empressé de réitérer qu'il ne toucherait pas à l'article 2, qui concerne les accords d'entreprise et qui cristallise les mécontentements.

"Il n'y aura pas de retrait du texte, pas de retrait de l'article 2 qui vise à décentraliser le dialogue social parce que c'est le coeur de ce texte de loi", a-t-il répété.

Au sein de la gauche, une cinquantaine de députés PS "frondeurs", écologistes et du Front de gauche ont écrit directement à François Hollande pour lui demander "d'agir sans attendre pour une sortie de crise" tenant compte "de l'opposition majoritaire en France" au projet de loi travail.

Selon un sondage Tilder/LCI/Opinionway, 66% des Français pensent que le gouvernement doit retirer la loi travail.

En France continentale, tous les dépôts pétroliers bloqués par des adversaires du projet de loi travail ont été libérés, à l'exception d'un seul (Gargenville dans les Yvelines), avait indiqué vendredi le secrétariat d'Etat aux Transports.

En revanche, six des huit raffineries du pays étaient toujours à l'arrêt ou au ralenti.

- La situation s'améliore à la pompe -

Du côté des stations-service, la situation s'est améliorée depuis jeudi. Chez Total un peu moins d'un tiers (659) de ses 2.200 stations étaient en difficulté, contre 815 jeudi. Le groupe a triplé sa flotte de camions habituelle pour réapprovisionner son réseau.

Dans le nord-ouest, la préfecture de l'Eure a fait état d'une "très nette amélioration des stocks de carburants" dans le département, avec "seulement 15% des stations du département" fermées ou en difficulté d'approvisionnement tandis que le préfet des Côtes-d'Armor a abrogé un arrêté qui restreignait la vente de carburants aux seuls véhicules.

Les manifestants hostiles à la loi travail sont loin de baisser les bras. L'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL) a ainsi appelé "à poursuivre et amplifier les mobilisations", avant la prochaine journée nationale d'action le 14 juin.

En attendant cette prochaine journée de mobilisation, la grève a été reconduite jusqu'à lundi aux terminaux pétroliers du Havre qui alimentent notamment les aéroports parisiens d'Orly et Roissy en kérosène. Mais le gouvernement a imposé un service minimum, permettant une reprise partielle des expéditions d'hydrocarbures.

Les vannes restent fermées dans les terminaux pétroliers de Marseille, où l'arrêt de travail des personnels a été prolongé jusqu'à mardi.

Statu quo également à la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), dont les salariés ont voté le prolongement de la grève jusqu'au vendredi 3 juin, et à celle de Donges, où la CGT a appelé à un arrêt de travail illimité jusqu'au retrait de la loi travail.

Au dépôt de Gargenville, le plus grand d'Ile-de-France, les employés ont également voté la poursuite de la grève jusqu'au 3 juin.

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