En baisse de plus de 2% dans les premiers échanges après l'annonce de la disparition tragique et brutale de Christophe de Margerie, Total s'apprête finalement à clôturer en hausse de 3% à 44,235 euros. A la tête du groupe depuis 2007, Christophe de Margerie était considéré par les analystes comme l'architecte de la stratégie fructueuse de restructuration de l'aval et de la discipline financière qui ont tiré la valorisation du titre durant sa présidence.

Total, qui a tenu une réunion de crise dans la nuit, a fait savoir que son comité de gouvernance et d'éthique puis son conseil d'administration se réuniraient dans les plus brefs délais afin de prendre les décisions nécessaires.

Les noms de Philippe Boisseau, directeur général de la branche marketing & services de Total, et de Patrick Pouyanné, patron de la branche raffinage-chimie, tous deux membres du comité exécutif du groupe, reviennent régulièrement pour succéder à Christophe de Margerie.

Deux analystes interrogés par AOF se sont dits sans inquiétudes sur l'organisation rapide de la succession et la réaffirmation de la stratégie du groupe.

"Les deux dauphins naturels, Philippe Boisseau et Patrick Pouyanné, ont tous les deux accompli l'essentiel de leur carrière dans le groupe où ils ont exercé des responsabilités dans l'Exploration-Production, la branche stratégique du groupe", a expliqué un courtier parisien.

Dans ce cadre, le broker estime que le nouveau dirigeant poursuivra le tournant stratégique amorcé par Christophe de Margerie en septembre dernier, à savoir une réduction des investissements et des coûts afin de garantir la rentabilité du groupe dans un contexte de faiblesse persistante des cours du pétrole.

"Total a été l'une des premières majors à réviser à la baisse ses investissements dans l'Exploration-Production. Le groupe devrait conserver ce leadership stratégique dans les mois qui viennent", assure ce professionnel.

Pour AlphaValue, Philippe Boisseau pourrait tenir la corde. "Il a réalisé un très bon travail en tant que directeur général Moyen-Orient de l'Exploration-Production de 2002 à 2007 et était très proche de Christophe de Margerie, qui a également occupé ces fonctions par le passé. Sa nomination à la direction de la branche marketing & services témoigne en outre de son savoir faire dans la restructuration".

La tâche du successeur de Christophe de Margerie s'annonce délicate. Le groupe, qui doit faire face à la plongée du prix du baril autour de 80 dollars, peine à augmenter sa production d'hydrocarbures malgré d'importants investissements. En parallèle, il doit composer avec l'effondrement des marges dans le raffinage en Europe.

C'est dans ce contexte que Christophe de Margerie a lancé en septembre dernier un vaste plan de réduction des coûts et de cessions d'actifs. Ce programme de désengagement devait lui rapporter entre 15 et 20 milliards de dollars sur la période 2015-2017. (P-J.L)