« Chez Total, nous sommes convaincus que le gaz sera la seconde source d'énergie fossile dans 20 ans », lance Gérard Moutet, directeur Climat-Energie de Total. À l'heure où lesénergies renouvelablesse développent dans le monde entier, les centrales à gaz apparaissent comme leur complément indispensable. Que ce soit lesolaire, l'éolienou labiomasse, aucune de ces énergies ne peut offrir de l'électricité en continu aux populations. Car, lors des périodes peu ensoleillées ou ventées, la production est faible. Et, à l'inverse, dans les périodes de fort rendement, les technologies actuelles ne permettent pas destocker le surplus d'énergie. Dans ces conditions, comment répondre auxpics de consommation? En activant descentrales à gaz, répondent, sans hésiter, différents experts du secteur comme l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Le gaz, énergie fossile à la plus forte croissance
Les projections de l'AIE en disent long sur le sujet :l'agence estime que le gaz naturel sera l'énergie fossile qui aura la croissance la plus forte, avec une part qui passerait de 21 à 24 % dans le mix énergétique d'ici 2040, alors que le charbon et le pétrole seraient en décroissance.

Aujourd'hui, déjà, la consommation de gaz croît de 2,4 % par an au niveau international. Et cela devrait s'accélérer dans les prochaines années, alors que dans le même temps lademande mondiale en énergie primaireaugmenterait de 37 % de 2012 à 2040.

Il est vrai que lescentrales à gazcumulent les avantages. Leur réactivité est exemplaire. Uneturbine à gazmonte à pleine puissance en moins de dix minutes, tandis que pour unecentrale au fioulou aucharbon, il faut attendre environ deux heures. De plus, son rendement est meilleur et son impact écologique bien moindre, avec 1,5 à 2 foismoins de rejets de CO2. Un argument capital, notamment dans les pays qui font face à l'impact écologique de leurdéveloppement économiquerapide.

LaChine, notamment, remplace progressivement dans certaines régions, en particulier autour dePékin, ses centrales à charbon par des centrales à gaz pour mieux préserver l'environnement.

Une croissance boostée par de nouveaux usages

Par ailleurs, de nouveaux usages du gaz se développent sur terre et sur mer. C'est une vraie tendance de fond. Aujourd'hui, dans le monde, plus de 16 millions de véhicules circulent auGNV (gaz naturel pour véhicules). En France, la RATP, par exemple, va convertir 900 véhicules au gaz d'ici à 2025. Le GNV, gaz non explosif, émet 25 % de CO2de moins qu'unmoteur essenceet 10 % de moins qu'unmoteur diesel. En outre, il ne produit pas de particules. Mais, les véhicules coûtent 30 % plus cher à l'achat et le réseau de stations reste encore à développer en Europe.

LeGNL (gaz naturel liquéfié)est également en plein essor sur lesgrands navires. En effet, lesarmateursse sont vu imposer l'utilisation de carburants dont la teneur en soufre ne doit pas excéder 0,1 % dans les « zones d'émissions contrôlées de soufre » (SECA) qui couvrent laManche, lamer du Nordet laBaltique. Les émissions d'oxyde d'azote sont, quant à elles, limitées à 14,4 g/kWh et devront être abaissées à 3,4 kWh dès 2016 dans ces zones.

Or, le GNL réduit de 80 % les émissions d'oxyde d'azote, de 20 % les émissions de gaz à effet de serre et ne rejette pas de soufre. Ceci étant, son développement ne pourra se faire que progressivement avec le renouvellement de la flotte commerciale.

Le gaz naturel, grand oublié de l'Europe

Avantages environnementaux et nouveaux usages se combinent et tirent donc laconsommation de gaz naturelvers le haut. Seul un point du globe est totalement à contre-courant de cette tendance : l'Europe. Alors que la consommation mondiale de gaz croît de 2,4 % par an, elle a diminué de 13,5 % en Europe en 2014. Laurent Vivier, directeur Stratégie Marchés & GNL de la direction Gas & Power de Total, appelle de ses vœux un nouveaucadre réglementairequi favoriserait l'essor du gaz, plus respectueux de l'environnement et qui offre l'alternative la plus économique pour les acteurs énergéticiens et les pouvoirs publics. C'est une des conditions pour que l'Europe atteigne ses objectifs deréduction des émissions de CO2à l'horizon 2030. En juillet 2014, le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé la création d'une nouvelleUnion européenne de l'énergie. Les acteurs du secteur espèrent que de nouveaux instruments de politique économique - fiscaux, tels que la taxe carbone, ou réglementaires - vont changer la donne. Pour l'heure, seul le Royaume-Uni s'est engagé sur cette voie en interdisant de construire des nouvelles centrales électriques dégageant plus de 450 grammes de CO2par KWh. L'Europe est désormais au pied du mur.

Le charbon devrait décliner dans le mix énergétique mondial

Peu cher, facilement accessible, le charbon est la deuxième source d'énergie primaire, avec une part de l'ordre de 30 %, devant le gaz. C'est la première source pour la génération d'électricité. Une ressource abondante, puisque seulement 22 % de ses réserves seront consommées en 2030. Mais, il est fortement émetteur de CO2et aggrave le réchauffement climatique.

La Chine représente 50 % de la consommation mondiale de charbon. Néanmoins, le pays se préoccupe de la qualité de l'air et commence à se tourner vers d'autres sources d'énergie, y compris le gaz. Aux États-Unis, c'est le développement du gaz de schiste qui a fait sensiblement reculer la production d'électricité à base de charbon.

Car le gaz a de multiples avantages. Sa combustion n'émet pas de dioxyde de soufre (SO2) et trois fois moins d'oxyde d'azote (NOx) que le charbon ou le pétrole. Autant d'éléments qui amènent l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à dire que la part du gaz naturel dans le mix énergétique mondial va grimper de 21 à 24 % d'ici 2040.

Article réalisé en partenariat avec La Tribune


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