JERUSALEM, 22 août (Reuters) - Les sanctions imposées par les Etats-Unis à l'Iran sont plus efficaces que prévu et les pays européens doivent décider s'ils veulent maintenir des relations économiques avec Washington ou avec Téhéran, a déclaré mercredi le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton.

La Maison blanche a commencé à rétablir progressivement des sanctions contre l'Iran après la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire signé à Vienne en 2015, incitant d'ores et déjà un certain nombre de sociétés européennes à renoncer au marché iranien.

Le dernier retrait en date est celui du pétrolier français Total, qui a fait savoir lundi qu'il se désengageait du projet de gisement gazier de South Pars en raison des menaces de Washington contre les entreprises qui continueraient de commercer avec Téhéran.

"Le rétablissement des sanctions a déjà un impact important sur l'économie iranienne et sur l'opinion publique en Iran", a déclaré John Bolton à Reuters pendant une visite en Israël.

Des milliers d'Iraniens ont protesté ces dernières semaines contre la hausse vertigineuse des prix, les pénuries de produits alimentaires, le chômage de masse ou la corruption, fragilisant le gouvernement du président Hassan Rohani.

"Les conséquences économiques (des sanctions) sont de toute évidence plus fortes que ce qu'on avait prévu", a souligné John Bolton. "Mais l'Iran continue à se comporter de manière hostile dans la région: en Irak, en Syrie, au Liban avec le Hezbollah, au Yémen et ses menaces à propos du détroit d'Ormuz."

"LE CHOIX EST TRÈS SIMPLE"

Les Gardiens de la révolution, l'unité d'élite du régime iranien, ont menacé de fermer le détroit d'Ormuz, par lequel transite une grande partie du pétrole du Golfe, en réponse à la volonté exprimée par l'administration Trump de bloquer toutes les exportations de brut iranien.

Les sanctions visant le secteur pétrolier et le secteur bancaire ne seront rétablies qu'en novembre, celles contre le commerce de métaux précieux, les achats de dollars et le secteur automobile l'ayant été dès ce mois-ci.

Alors que les autres pays signataires de l'accord de Vienne - Russie, Chine, France, Allemagne et Royaume-Uni - tentent de le sauver, Berlin a appelé mardi l'Europe à mettre en place des systèmes de paiement indépendants des Etats-Unis pour contourner les sanctions unilatérales américaines.

"Nous nous attendons à ce que les (gouvernements) européens réalisent, comme le font déjà les entreprises européennes, que le choix entre faire des affaires avec l'Iran et faire des affaires avec les Etats-Unis est très simple", a commenté John Bolton.

"Donc nous verrons bien ce qui arrivera en novembre. Mais le président (Trump) a dit très clairement qu'il veut une pression maximale sur l'Iran, et c'est ce que nous faisons."

(Tangi Salaün pour le service français)