* Le chef de l'Etat pris à partie par un syndicaliste Renault

* La filière carburants s'engage à répercuter la baisse des cours (Actualisé avec fin de la réunion à Bercy et autres déclarations)

par Marine Pennetier

MAUBEUGE, Nord, 8 novembre (Reuters) - "Monsieur Macron vous n'êtes pas le bienvenu ici" : au cinquième jour de son itinérance mémorielle cent ans après la fin de la Première Guerre mondiale, le chef de l'Etat a une nouvelle fois été interpellé jeudi sur la question du carburant et du pouvoir d'achat.

Après avoir été pris à partie à Verdun et à Charleville-Mézières par des habitants, parfois de manière virulente, Emmanuel Macron a été hélé dans la matinée par un syndicaliste Sud de l'usine de Maubeuge (Nord) de Renault, où le PDG Carlos Ghosn a annoncé un investissement de 400 millions d'euros.

"Vous prenez dans la poche des ouvriers aujourd'hui M. Macron, ce que M. Ghosn nous donne d'une main vous allez le reprendre dans notre poche", a lancé Samuel Beauvois au chef de l'Etat au moment où ce dernier entamait un discours devant les salariés, en présence du PDG et de plusieurs ministres. Le salarié a évoqué notamment la question du prix du carburant, avant d'être interrompu par les huées de certains de ses collègues.

"Venez là, je vous écoute donc il faut que vous ayez la courtoisie de m'écouter", a répondu Emmanuel Macron. "On n'est pas là pour faire le show, on est là pour essayer de réussir."

"On réussit sans vous!", a rétorqué Samuel Beauvois, avant de réagir un peu plus tard aux annonces d'investissements et d'emplois : "ce n'est pas grâce à vous monsieur Macron".

"Vous êtes ridicule là monsieur", a répliqué le chef de l'Etat, avant de défendre longuement la politique menée par l'exécutif depuis le début du quinquennat, citant entre autres la baisse des cotisations sociales et salariales et de la taxe d'habitation.

Cette prise à partie est la dernière en date pour le chef de l'Etat, qui a été interpellé à plusieurs reprises depuis dimanche et le début de son "itinérance mémorielle" dans l'est et le nord de la France.

LES ACTEURS DU CARBURANT S'ENGAGENT

La contestation s'est cristallisée ces dernières semaines autour de la décision du gouvernement d'augmenter graduellement les taxes sur les carburants, une mesure qui se traduira par une hausse de 6,5 centimes par litre de diesel et 2,9 centimes pour l'essence au 1er janvier 2019. Une mobilisation nationale est prévue le 17 novembre.

Pour conjurer la polémique sur les tarifs des carburants, tirés vers le haut par les cours du pétrole et dans une moindre mesure par la fiscalité, Emmanuel Macron a avancé plusieurs pistes cette semaine, comme celle de généraliser l'aide mensuelle de 20 euros mise en place dans les Hauts-de-France.

Lors d'une réunion à Bercy ce jeudi, les acteurs de la filière du carburant se sont engagés à faire le nécessaire pour que les consommateurs ressentent au plus vite la baisse actuelle des cours mondiaux du pétrole..

Depuis plusieurs semaines, l'exécutif insiste sur le fait que l'augmentation du prix du carburant est essentiellement liée aux cours mondiaux.

"Ce n'est pas le gouvernement qui prend dans la poche", a une nouvelle fois martelé Emmanuel Macron à Maubeuge, en réaffirmant l'intention du gouvernement d'accompagner les régions qui mettent en place des mesures d'aide.

"On va les accompagner, on commence à le faire dès cette année en défiscalisant l'aide qui est apportée et j'ai demandé au gouvernement et au Parlement d'aller beaucoup plus loin et d'aider les travailleurs qui ont ces déplacements à faire, pour qu'ils ne payent pas les conséquences" de la hausse des cours, a-t-il dit.

Quelques minutes après son discours à l'usine Renault, le chef de l'Etat est revenu devant des journalistes sur les interpellations de citoyens qui rythment son déplacement qui s'achèvera dimanche sous l'arc de Triomphe à Paris.

"Je n'ai jamais été à me protéger, à calfeutrer les choses, à être derrière les services d'ordre", a-t-il dit. L'itinérance, "c'est un vrai bonheur, je suis très heureux".

"Notre pays est depuis des décennies dans cette situation, moi je veux l'en sortir. J'ai été élu face au Front national il y a 15 mois, j'ai été élu dans une crise profonde, je ne vais pas rester comme on a toujours fait ou me réfugier derrière les discours convenus", a-t-il ajouté. "Je n'ai jamais pensé que c'était facile, j'ai été élu en me faisant secouer et ça continuera jusqu'au bout." (avec Myriam Rivet à Paris, édité par Jean-Baptiste Vey)