(Actualisation: précisions sur le projet Laggan-Tormore et sur ses détenteurs, commentaires d'analystes, contexte et situation du secteur gazier et pétrolier en mer du Nord, évolution du cours de Bourse.)

L'un des derniers grands projets d'hydrocarbures approuvés en mer du Nord lorsque les prix du pétrole étaient encore élevés vient d'entrer en production, illustrant un bond inattendu de la production d'énergie au Royaume-Uni qui, selon les analystes, ne pourra pas durer.

Total (>> Total) a annoncé lundi la mise en production des champs de gaz et de condensats de Laggan et Tormore, situés à l'ouest des îles Shetland dans 600 mètres de profondeur d'eau.

Ces champs produiront 90.000 barils par jour d'équivalent pétrole, a précisé la compagnie pétrolière dans un communiqué, soit près de 6% de la production totale du Royaume-Uni.

Laggan-Tormore fait partie des projets offshore de 50 milliards de dollars engagés au Royaume-Uni il y a plusieurs années, lorsque les prix de l'or noir évoluaient autour de 80 dollars le baril.

Un consortium mené par Total s'était engagé en 2010 à investir 5 milliards de dollars dans le projet Laggan-Tormore, lorsque le baril de brut valait au moins 80 dollars. Selon les analystes, rares sont les projets de cette envergure et présentant de tels défis techniques qui seraient lancés actuellement, avec un baril autour de 30 dollars.

Baisse des dépenses d'exploration

Les prix du pétrole évoluent à des niveaux inférieurs de 70% environ à leur pic de 2014, alors que l'offre est bien supérieure à la demande journalière. Cet effondrement des prix alimente les craintes que le déclin de l'exploitation pétrolière en mer du Nord s'accélère.

Aux prix actuels de l'or noir, plus d'un tiers des champs fonctionnent à perte, souligne Mike Tholen, chez Oil & Gas U.K., un groupe de défense des intérêts des compagnies pétrolières.

L'industrie pétrolière en mer du Nord avait déjà des problèmes avant la chute des prix du brut, qui ont culminé à 115 dollars le baril en 2014. L'escalade des coûts, la diminution des opportunités, de plus fortes contraintes techniques sur les gisements et la complexité des modalités fiscales constituaient déjà des difficultés majeures pour les entreprises pétrolières dans la région.

Les compagnies ont depuis réduit leurs dépenses d'exploration. Selon les estimations, les groupes pétroliers n'ont foré que 14 puits d'exploration l'an dernier, contre une quarantaine en 2014, indique Oil & Gas UK.

Le volume total de gaz et de pétrole produit en mer du Nord a augmenté de 8,6% au cours des dix premiers mois de 2015 par rapport à la période correspondante de 2014, selon le département britannique de l'Energie et du Changement climatique.

La production se stabilise habituellement en novembre et en décembre, ce qui laisse attendre pour l'ensemble de 2015 une augmentation de 8%, ajoute Oil & Gas UK. Cette production s'était établie à 1,49 million de barils d'équivalent pétrole par jour en 2014.

Le groupe britannique de services collectifs SSE (>> SSE PLC) et le danois Dong Energy détiennent chacun une participation de 20% dans le projet Laggan-Tormore, tandis que Total E&P UK, opérateur du projet, en détient 60%.

L'action Total a clôturé lundi en recul de 1,8%, à 38,17 euros.

-Selina Williams, Inti Landauro et Ambroise Ecorcheville, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed : LBO

Valeurs citées dans l'article : Total, SSE PLC