(Actualisé avec réactions)

par Patrick Rucker

WASHINGTON, 18 avril (Reuters) - La décision définitive de l'administration américaine sur le mégaprojet d'oléoduc Keystone XL entre le Canada et la côte sud des Etats-Unis sera prise selon toute vraisemblance après les élections de mi-mandat, le 4 novembre prochain, a-t-on appris vendredi de sources proches du dossier.

Le département américain d'Etat a officiellement annoncé qu'il donnait davantage de temps aux différentes agences fédérales et entités concernées pour se prononcer sur le projet controversé.

Cette extension de la "période de commentaires", explique-t-on de mêmes sources, implique qu'aucune décision finale ne devrait être prise avant le scrutin du 4 novembre.

Porté par la compagnie canadienne TransCanada, l'oléoduc, dont le coût prévu est de 5,4 milliards de dollars, doit relier sur près de 1.900 km les gisements de sables bitumineux de l'Alberta canadien aux raffineries américaines installées sur le golfe du Mexique.

Mais un litige a éclaté sur le trajet prévu dans le Nebraska, en plus des controverses globales autour de Keystone XL, justifiant l'extension de cette "période de commentaires".

Les partisans de Keystone XL mettent en avant la sécurité énergétique que le projet renforcerait et les créations d'emploi liées à sa construction puis à sa maintenance.

Les adversaires, à commencer par les associations écologistes, redoutent son impact sur l'environnement de même que sur le réchauffement climatique.

"Dans une période de chômage élevé, c'est une honte que l'administration diffère depuis des années la construction de l'oléoduc Keystone XL", a réagi Mitch McConnell, chef de file de la minorité républicaine au Sénat. "Mais cela n'intéresse pas Obama. Visiblement, les militants radicaux pèsent plus lourd que les Américains qui ont un besoin urgent de retrouver un emploi."

Plusieurs sénateurs démocrates élus pour la plupart dans des Etats qui en attendent des retombées économiques positives ont écrit la semaine dernière à Barack Obama pour le presser de trancher d'ici au 31 mai. (voir )

Pour Heidi Heitkamp, sénatrice démocrate du Dakota du Nord signatrice de cette lettre, "il est absolument ridicule que ce processus en cours depuis bien plus de cinq ans se poursuive pendant une période indéterminée".

Au Canada, le gouvernement a fait part de sa déception, déplorant que "des considérations politiques continuent de différer une décision sur Keystone XL", selon les mots de Jason MacDonald, directeur des communications du Premier ministre Stephen Harper.

A l'inverse, la Fédération nationale de la nature (NWF) voit dans ce report le signe que les problèmes liés au projet continuent de croître. "C'est une mauvaise idée qui doit être rejetée", a dit Jim Murphy, un des conseillers. (avec Jonathan Leff; Henri-Pierre André pour le service français)