(Ajoute réactions, détails)

par Valerie Volcovici et Emily Stephenson

BISMARCK, Dakota du Nord, 27 mai (Reuters) - Donald Trump a promis jeudi d'enterrer l'accord de Paris sur le climat en révoquant les engagements pris par Barack Obama pour limiter le réchauffement s'il lui succède à la Maison blanche et d'appuyer le projet d'oléoduc Keystone XL et l'exploitation du pétrole de schiste pour assurer l'indépendance énergétique des Etats-Unis.

Dans son premier discours consacré à l'énergie, à Bismarck, dans le Dakota du Nord, plus gros producteur de pétrole de schiste du pays, le candidat à l'investiture du parti républicain a expliqué qu'il ferait de la domination mondiale des Etats-Unis dans le domaine de l'énergie "un objectif de politique étrangère et un objectif stratégique".

Pour ce faire, Donald Trump a promis de totalement déréguler le secteur de l'énergie et de favoriser le développement de l'exploitation du pétrole de schiste sans tenir compte des inquiétudes que suscite cette activité pour l'environnement.

"Si nous ne développons pas la fracturation hydraulique, nous resterons dépendants du Moyen-Orient pour notre énergie", a-t-il asséné, prenant le contre-pied de ses rivaux démocrates, Hillary Clinton et Bernie Sanders, qui plaident pour un développement des énergies renouvelables.

Les choses vont aller "bien plus mal" pour le secteur de l'énergie si Clinton est élue présidente, a-t-il prédit.

Trump s'est à l'inverse engagé à assouplir la réglementation du secteur pour permettre aux entreprises de forage et aux sociétés minières d'être plus compétitives et d'exploiter "le potentiel inimaginable" des Etats-Unis en matière d'énergie.

Les défenseurs de l'environnement ont jugé son discours "effrayant".

"La politique énergétique de Trump accélererait le changement climatique, protégerait les entreprises polluantes qui font des bénéfices en empoisonnant notre eau et notre air, et bloquerait la transition vers les énergies propres qui est nécessaire pour renforcer notre économie et protéger notre climat et notre santé", a déclaré Tom Steyer, un milliardaire engagé dans la défense de l'environnement.

Un représentant de l'industrie pétrolière s'est en revanche réjoui de son discours. "C'est simple. Si Trump gagne, les ouvriers de l'industrie pétrolière seront heureux. Si Clinton gagne, ils seront malheureux", a déclaré Derrick Alexander, un cadre de la société de services pétroliers Integrated Productions Services, qui a licencié 2.000 employés ces derniers mois.

Dans son discours, Donald Trump a estimé que le programme de Clinton était "la destruction d'emplois".

DÉRÉGULATION

"Il faut se débarrasser de certaines régulations", a martelé le magnat de l'immobilier à Bismarck.

"Le gouvernement fédéral doit se tenir à l'écart du secteur de l'énergie", a-t-il poursuivi en fustigeant les règles visant à limiter le réchauffement climatique adoptées en décembre lors de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP21), règles qui vont, selon lui, "tuer l'emploi et le commerce".

"Je vais annuler l'accord de Paris sur le climat", a-t-il tonné.

Concernant l'oléoduc Keystone XL de TransCanada, rejeté par Barack Obama en fin d'année dernière en raison des inquiétudes qu'il suscite pour l'environnement, Donald Trump a indiqué qu'il lui donnerait son feu vert mais en exigeant que les bénéfices reversés aux Etats-Unis soient plus élevés que ce qui était proposé.

"Je l'approuverais sans hésitation, à 100%, mais je voudrais un accord plus favorable", a-t-il insisté à propos de ce projet visant à transporter le pétrole canadien des sables bitumineux de l'Alberta jusque dans le sud des Etats-Unis.

Depuis le début de la campagne, le milliardaire s'attache à cultiver son image d'homme d'affaires qui saurait contraindre les partenaires des Etats-Unis à mettre la main au portefeuille, qu'il s'agisse du Mexique pour financer la construction d'un mur contre l'immigration clandestine ou de ses alliés de l'Otan pour assurer leur sécurité.

"Je veux qu'il (Keystone XL) soit construit, mais je veux une part des bénéfices", a-t-il poursuivi. "C'est ainsi que nous allons rendre l'Amérique riche à nouveau." (Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)