* Le vice-Premier ministre évoque les affaires de corruption

* Il accuse des éléments de la police et de la magistrature

* Nouvelle démission au sein de l'AKP (Actualisé avec déclarations du président Gül §§8-9)

ISTANBUL, 31 décembre (Reuters) - Le gouvernement turc a estimé mardi qu'il était en train de déjouer une "tentative de mini-coup d'État" de la part d'éléments de la police et de la magistrature, à propos d'une enquête sur des faits présumés de corruption, à l'origine de plusieurs démissions de ministres puis d'un vaste remaniement.

Dans le cadre d'une enquête menée en secret depuis plusieurs mois, la police a procédé le 17 décembre à l'arrestation de dizaines de personnes, parmi lesquelles figurent les fils des trois ministres démissionnaires, ainsi que le directeur général de la banque publique Halkbank.

Ali Babacan, vice-Premier ministre, a déclaré que le Parti pour la justice et le développement (AKP), la formation islamo-conservatrice du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, avait peu de choses à craindre de cette enquête, après avoir échappé à des coups d'État militaires et à des tentatives d'interdiction par la justice.

"Les récents regroupements au sein de la magistrature et de la police, sans pouvoir parler de coup d'État, on peut les qualifier de tentative de mini-coup", a dit Ali Babacan à la chaîne CNBC-e. "C'est ce qui intéresse les investisseurs étrangers."

"Le reflet le plus net de cette situation, c'est peut-être la chute de la Bourse", a-t-il ajouté. Le principal indice de la Bourse turque était en baisse de près de 0,5% mardi vers 14h30 GMT, après avoir décliné de façon continue depuis les arrestations du 17 décembre.

Recep Tayyip Erdogan accuse des acteurs étrangers d'avoir des intérêts dans la crise politique, tandis que la majorité des observateurs estiment qu'elle est liée à la rivalité entre le Premier ministre et Fethullah Gülen, un influent prédicateur exilé aux États-Unis.

Sans nommer Fethullah Gülen, Recep Tayyip Erdogan a accusé son mouvement Hizmet ("Service"), qui dispose de nombreux relais au sein de la justice et des forces de l'ordre, de créer un "État dans l'État".

Dans son message de Nouvel An diffusé sur son site internet, le président Abdullah Gül, considéré comme une personnalité consensuelle, a lancé un appel à l'unité du pays en insistant sur l'importance d'une séparation claire des pouvoirs.

"C'est le devoir de chacun d'entre nous d'éviter les attitudes qui nuisent, dans les faits et dans la perception, à un appareil judiciaire indépendant et impartial", a-t-il dit.

En campagne pour les élections municipales prévues en 2014, Recep Tayyip Erdogan s'est dit la semaine dernière certain de survivre aux affaires de corruption qui ont récemment provoqué des manifestations à Istanbul.

L'AKP a néanmoins subi mardi une nouvelle démission de parlementaire, ce qui porte à sept le nombre de ses élus qui ont quitté leur poste, dont cinq depuis le 17 décembre. (Daren Butler, avec Gusen Solaker à Ankara; Julien Dury et Bertrand Boucey pour le service français)