(Actualisé, injonction de la justice turque à Google, § 3)

ANKARA/ISTANBUL, 6 avril (Reuters) - Les autorités turques ont mis fin lundi soir au blocage de Twitter décidé en raison de la diffusion sur les réseaux sociaux de photos d'un procureur d'Istanbul détenu par des militants d'extrême gauche la semaine dernière, quelques heures avant qu'il ne soit tué.

Les discussions avec YouTube, elles, se poursuivent, a déclaré un responsable turc.

Dans la soirée, un tribunal d'Istanbul a enjoint à Google de retirer les contenus mis en cause, faute de quoi l'accès à ses services sera bloqué.

A la requête d'Ankara, Twitter a fermé au bout de quelques heures les comptes concernés et retiré les photos de l'otage, a dit ce responsable en annonçant la fin du blocage. Twitter n'a pu être joint dans l'immédiat pour commenter cette information.

De son côté, Facebook a annoncé s'être plié à la demande de la justice turque.

Un procureur turc a réclamé le blocage de ces médias sociaux en déclarant que certaines organisations de presse avaient agi "comme si elles propageaient de la propagande terroriste" en diffusant ces photos, a déclaré le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin.

"Cela est lié à la publication de photos du procureur", avait spécifié le porte-parole lors d'une conférence de presse à Ankara. "Le parquet demande que ces photos ne soient utilisées nulle part sur les plates-formes électroniques."

Le procureur Selim Kiraz est mort de ses blessures mardi dernier après l'assaut donné par les forces de sécurité contre les locaux du palais de justice d'Istanbul où il était retenu en otage par des militants du groupe d'extrême gauche DHKP-C. Ses deux ravisseurs ont également été tués dans l'assaut.

Le DHKP-C avait diffusé une photo de Kiraz avec un revolver sur la tempe et avait affirmé qu'il le tuerait si ses revendications n'étaient pas satisfaites.

"L'épouse et les enfants du procureur Kiraz ont été profondément affectés. Ces photos se sont retrouvées partout", avait déploré un haut responsable turc.

"Demande a été faite à Twitter et YouTube pour qu'ils retirent ces photos mais cela n'a pas été accepté, aucune réponse n'a été donnée. C'est pourquoi cette décision a été prise par voie de justice", avait-il alors ajouté.

Les autorités turques avaient temporairement bloqué Twitter et YouTube lors de la campagne pour les élections locales en mars 2014, après la fuite et la diffusion sur ces plates-formes d'enregistrements audio censés illustrer la corruption dans l'entourage du Premier ministre d'alors, Recep Tayyip Erdogan, aujourd'hui chef de l'Etat. (Orhan Coskun, Tulay Karadeniz et Asli Kandemir; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Twitter Inc, Google Inc, Facebook Inc