par Alexei Oreskovic et Lesley Wroughton

SAN FRANCISCO/WASHINGTON, 13 septembre (Reuters) - Les utilisateurs du compte Twitter de l'Etat islamique (EI), qui revendiquaient jusqu'ici haut et fort les actes violents du groupe djihadiste sur le réseau social, sont brusquement devenus silencieux ces derniers jours.

Plusieurs comptes affiliés au groupe djihadiste présent en Irak et en Syrie paraissent avoir été mis en veille, selon plusieurs sources gouvernementales américaines, ce qui pose la question de savoir si Washington a fait pression sur Twitter ou si l'EI s'est déplacé vers d'autres réseaux sociaux.

Barack Obama a annoncé il y a deux jours dans un discours à la nation américaine son intention d'"éradiquer" les djihadistes sunnistes de l'Etat islamique en autorisant pour la première fois des frappes aériennes en Syrie et une intervention accrue en Irak, tout en excluant une offensive au sol.

Plusieurs responsables de l'administration disent, sous le sceau de l'anonymat, ne pas être au courant d'initiatives du gouvernement visant à fermer ces comptes Twitter et la société internet elle-même ne fait aucun commentaire.

Cette interruption intervient alors que plusieurs comptes d'utilisateurs liés à l'EI auraient menacé des employés de Twitter dernièrement, même si aucun lien n'a pu être établi entre les deux incidents.

Twitter a ainsi suspendu plusieurs comptes affiliés à l'EI ces derniers mois, dont celui d'un utilisateur qui évoquait des représailles contre des employés de la société internet.

ANONYMAT

Lorsque l'administration américaine identifie sur les réseaux sociaux des personnes soupçonnées de "terrorisme" ou d'"extrémisme", elle les signale aux sociétés concernées, Facebook ou Twitter par exemple, qui agissent ensuite comme elles l'entendent, explique un responsable gouvernemental.

Selon un autre haut fonctionnaire, un net changement a été constaté dans la manière de communiquer de l'EI sur les réseaux sociaux dans les jours qui ont précédé le discours d'Obama, mercredi.

Certains spécialistes suggèrent que les islamistes auraient pu basculer sur d'autres réseaux comme le service russe VKontakte ou le réseau décentralisé Diaspora.

Twitter, qui a moins de restrictions de contenu que ses concurrents, est devenu un outil de communication très prisé des militants ou des activistes armés.

Il peut être utilisé de manière anonyme, le véritable nom de l'utilisateur n'étant pas demandé pour l'ouverture d'un compte.

Ses règles interdisent toute menace de violence directe et spécifique visant les autres mais les comptes qui prétendent être affiliés à des groupes militants figurant sur la liste des organisations terroristes du département d'Etat (FTO, Foreign Terrorist Organizations), comme l'EI, ne les enfreignent pas automatiquement.

Twitter s'appuie sur des signalements d'utilisateurs ou de responsables gouvernementaux pour décider de supprimer des messages ou un compte.

Facebook a au contraire une équipe chargée de surveiller les messages diffusés par des groupes considérés comme terroristes. L'EI est interdit sur ce réseau. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Twitter Inc, Facebook Inc