LONDRES (awp/afp) - Londres indépendant! Sadiq Kahn président! Vive le Lexit (London exit)! Ca a commencé comme une blague et reste une chimère. Mais samedi, une pétition réclamant l'indépendance de la capitale britannique pour rester dans l'UE avait dépassé les 130.000 signatures.

"C'est parti comme une blague, un cri de frustration et de désespoir. Je pensais réunir 100 ou 200 signatures maximum. Je n'en reviens pas", explique à l'AFP l'initiateur de la pétition, James O'Malley, un auteur et journaliste freelance de 29 ans.

Lancée après le verdict du référendum vendredi à l'aube, la pétition demande au maire de Londres, Sadiq Kahn, de "déclarer Londres indépendante du Royaume-Uni et poser sa candidature pour rejoindre l'UE".

Mission impossible ? "Oui, mais il y a peu, on aurait également pensé qu'un Brexit était impossible", répond James O'Malley qui, encouragé par "le succès gigantesque" de sa pétition, entend déjà réclamer plus de pouvoirs pour la ville de Londres.

Son appel n'est pas resté isolé. Une autre pétition pour que "Londres reste dans l'Union européenne" atteignait les 16.000 signatures samedi midi. Un compte Twitter @London_Stays (Londres reste) milite dans le même sens.

Et vendredi soir, 400 militants pro-UE ont défilé à travers la capitale pour protester contre le Brexit. "On a peur, tous ces gens formidables ici ont peur", dénonçait l'une des manifestantes, Polly Butler, une étudiante de 22 ans.

Ces initiatives partent d'un constat simple: alors que le Royaume-Uni a voté à 51,9% pour un Brexit, les Londoniens se sont prononcés à 60% pour un maintien dans l'UE.

- "Londonien d'abord, Européen ensuite" -

Et encore, ce chiffre comprend le grand Londres qui s'étend sur 1.500 km2 et comprend beaucoup de zones rurales et semi-urbaines. Dans les arrondissements du centre de la mégapole cosmopolite, l'adhésion à l'Europe dépasse les 75%.

Sadiq Khan lui-même a publié dès vendredi un communiqué dans lequel il réclame que Londres soit associée aux négociations de sortie de l'UE et "reste un membre du marche unique".

"Il est crucial que Londres ait voix au chapitre pendant ces renégociations, comme l'Ecosse et l'Irlande du Nord", a-t-il dit. S'adressant directement aux immigrés européens, il les a assurés qu'ils étaient "toujours les bienvenus à Londres".

Ville-monde de 8,6 millions d'habitants, dont 37% sont nés à l'étranger, Londres est considérée par beaucoup comme un pays à part.

"Londres est une ville cosmopolite, incomparable avec le reste du Royaume-Uni où on ne veut pas des immigrés. Ici on ne sent pas marginalisé", témoigne Carmen Martinez, 43 ans, une Espagnole installée dans la capitale britannique.

"L'identité des Londoniens est différente de celle du reste du pays. Je me sens Londonien d'abord, puis Européen, puis Britannique", explique Beverley David, chasseuse de tête de 33 ans.

Beaucoup étaient furieux contre les leaders du camp du Brexit. Lorsque l'ex-maire de Londres, Boris Johnson a fait sa première apparition publique vendredi, il a été hué et traité de "traître" sur le pas de sa porte dans le quartier d'Islington.

"Honte à toi Boris, honte à toi", a hurlé un cycliste excédé en tentant de lui bloquer la route.

Si Londres est déçue du Brexit, c'est aussi parce qu'elle abrite l'un des principaux centres financiers du monde, acquis à la mondialisation et au libre marché.

"L'économie de la capitale est si dépendante du secteur financier, qui dépend lui-même de notre accès privilégié au marché européen, que les Londoniens appréhendent forcément le référendum différemment", écrit le quotidien londonien The Evening Standard.

"Je soutiens un LEXIT, que Londres quitte le Royaume-Uni et reste un membre de l'UE pour devenir une ville-état prospère comme Singapour", écrit Mark Middleton, associé d'un cabinet d'architectes, sur Twitter avec le hashtag: "quittons la petite Angleterre".

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