LIMA (awp/afp) - Le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski, menacé par une procédure de destitution, a été longuement interrogé vendredi par une commission parlementaire sur ses liens avec Odebrecht, géant brésilien du BTP impliqué dans un vaste scandale de corruption.

"J'ai répondu à toutes les questions de la commission avec ouverture démocratique et transparence", a déclaré sur son compte Twitter le président péruvien, au terme de sept heures de questionnement de la commission.

"Le plus important est qu'aujourd'hui, le président collabore. Ici son droit à la défense va être respecté", a déclaré aux journalistes la présidente de la commission d'enquête parlementaire, Rosa Bartra.

Le destin du président de centre droit surnommé "PPK", un ancien banquier de Wall Street âgé de 79 ans, se jouera à nouveau le 22 mars au Parlement, qui examinera une deuxième demande de destitution en raison de ses liens avec Odebrecht.

En décembre, l'opposition n'avait pas réussi à réunir les deux tiers des votes nécessaires pour le faire chuter, mais cette fois l'ouverture d'un débat sur cette question a recueilli jeudi 87 voix, soit le minimum requis pour ensuite voter la destitution.

Rosa Bartra a dit souhaiter que le dirigeant aide à "éclaircir" les dossiers des chantiers de construction des routes Interocéanique sud et Interocéanique nord, construites sous le gouvernement d'Alejandro Toledo (2002-2006), quand M. Kuczynski était ministre et chargé des appels d'offres publics. Odebrecht a reconnu avoir payé 20 millions de dollars de pots-de-vin au président Toledo pour obtenir ces contrats, ce que l'intéressé nie.

M. Kuczynski est, lui, accusé d'avoir menti sur ses liens avec Odebrecht: il avait affirmé n'avoir jamais eu aucune relation avec l'entreprise, mais en décembre Odebrecht a révélé avoir versé près de 5 millions de dollars à des sociétés de consultants liées à "PPK", du temps où il était ministre.

Les six membres de la commission parlementaire se sont rendus au palais du gouvernement pour interroger le chef de l'Etat.

L'un de ses membres, le député d'opposition Victor Andres Garcia Belaunde, a déclaré pour sa part à la presse que le président "ne nous a pas dit grand chose sur ses liens avec Odebrecht, sur certains points, il a dit ne pas se souvenir, sur d'autres, il s'est expliqué sans nous convaincre".

Gonzalo del Rio, l'avocat du président, a déclaré pour sa part que "l'entrevue l'a laissé serein, le président a démontré que jamais il n'a fourni d'assistance au brésilien Odebrecht quand il était ministre".

Le scandale Odebrecht fait vaciller plusieurs présidents et ex-présidents péruviens, alors que le géant brésilien affirme avoir versé de l'argent pour les campagnes électorales entre 2006 et 2011.

L'ex-président Ollanta Humala est en détention provisoire depuis huit mois et le Pérou s'apprête à demander l'extradition d'Alejandro Toledo, qui vit aux Etats-Unis, tous les deux pour leur implication présumée dans ce scandale.

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