Ubisoft (-5,96% à 19,65 euros) reste scotché à la dernière place de l’indice SBF 120 au lendemain de son avertissement sur résultats. Si ce dernier était anticipé par certains analystes en raison des performances commerciales décevantes d’Assassin's Creed Syndicate, son ampleur est plus importante que prévu.

Sur l'exercice 2015-2016, l'éditeur de jeux vidéo anticipe désormais un résultat opérationnel non-IFRS, c'est-à-dire hors éléments exceptionnels, d'environ 150 millions d'euros contre au moins 200 millions d'euros auparavant. Le chiffre d'affaires devrait, lui, ressortir à environ 1,36 milliard d'euros alors qu'il était attendu stable précédemment à 1,464 milliard.

Les ventes plus faibles que prévu de la franchise phare du groupe, Assassin's Creed, sont la principale explication à la réalisation d'un chiffre d'affaires inférieur de près 40 millions à l'objectif de l'éditeur de jeux vidéo. Ses ventes ont en effet reculé de 30,6% à 561,8 millions d'euros.

Ubisoft a profité de cette publication pour confirmer la rumeur selon laquelle il ne lancera pas de nouveau jeu Assassin's Creed en 2016, année qui verra pourtant débarquer la franchise au cinéma.

Malgré l'absence de ce jeu, la société a aussi communiqué des prévisions pour l'exercice 2016-2017 globalement en ligne avec les attentes. Elle vise un chiffre d'affaires d'environ 1,7 milliard d'euros, un résultat opérationnel non-IFRS d'environ 230 millions d'euros et une solide génération de free cash flow.

Cette publication intervient à une semaine de la présentation de ses objectifs à moyen terme. A cet occasion, Ubisoft souhaite démontrer aux investisseurs qu'il n'a pas besoin de Vivendi pour dégager une rentabilité importante. Lors de la conférence de jeudi avec les analystes, la direction de l'éditeur de jeux vidéo a indiqué que le groupe de médias avait porté sa participation à 15%.

En attendant, plusieurs brokers ont réduit leur objectif après cet avertissement. A l'Achat, Oddo a abaissé le sien de 30 à 25 euros tandis que Kepler a réduit son objectif de 27 à 23 euros et confirmé sa recommandation Conserver.


AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Troisième éditeur mondial indépendant de jeux vidéo avec les franchises phares Assassin’s Creed, Just Dance, Watch Dogs ainsi que Far Cry et les séries Tom Clancy (Splinter Cell, Ghost Recon);
- Positionnement fort sur les jeux « open world » (Watch Dogs, Assassin’s Creed, Far Cry…) dont la part croît rapidement dans l’industrie - 30 % du marché contre 16 % en 2008 ;
- Présence sur tous les segments du jeu video, avec des licences fortes : les consoles avec les blockbusters AAA (Assassin’s Creed, Far Cry, Splinter Cell) ; le Free To Play sur PC avec par exemple Ghost Recon Online ; les jeux sur mobile avec Rayman ;
- Hausse régulière des parts de marché sur PlayStation (10 millions de ventes pour la PlayStation4, soit 32 % du total) et Xbox (5 millions, soit 29 %) ;
- Lourds investissements dans le digital, qui devra représenter la moitié du chiffre d’affaires d’ici 4 à 5 ans, contre 12 % en 2012, ainsi qu’au Québec ;
- Doublement en un an de la part de marché aux Etats-Unis (10,1 %) et forte croissance de celle en Europe (14,3 %) ;
- Impact positif du recul de l’euro contre le dollar, 4O % des ventes étant réalisées aux Etats-Unis ;
- Retour à la rentabilité en 2014-15, grâce à la nouvelle franchise Watch Dogs et à la montée en puissance du digital, mieux margé ;
- Lancement d’un programme de rachat d’actions sur 5 % de la capitalisation boursière, grâce à une trésorerie nette de 211 M€ à fin d’exercice (mars 2015) et à un bilan solide.

Les points faibles de la valeur
- Difficulté à anticiper les résultats d'Ubisoft et consensus de marché très dispersé ;
- Environnement sectoriel très concurrentiel sur le haut de gamme, pressions sur les prix sur le segment « casual », inflation des coûts de production ;
- Dépendance du chiffre d’affaires aux deux grandes et lucratives franchises Assassin’s Creed et Far Cry ;
- Encore du retard dans les MMO (jeux en ligne massivement multi joueurs) ;
- Forte dégradation du free cash-flow attendue pour l’exercice 2015-2016 due au lancement de 2 jeux AAA.

Comment suivre la valeur
- Sensibilité boursière au succès public des jeux et aux critiques sur les bugs des nouveaux jeux ;
- Forte saisonnalité de l’activité : majeure partie des ventes entre septembre et janvier (avec un pic pour les fêtes de fin d’année) ;
- Stratégie de développement axée sur le « core gaming », en s’appuyant sur les futures consoles, avec un doublement attendu de la base installée de XBoxOne et PSA ;
- Accueil du public aux jeux lancés à l’automne : Rainbow Six Siège, Assassin’sCreed Syndicate, The Division ;
- Réalisation des objectifs 2015-2016 d’un chiffre d’affaires stable et d’un bénéfice courant supérieur à 200 M€ ;
- Actionnariat relativement « contrôlé » avec une forte présence des frères fondateurs et de la famille Guillemot (11 %) et de la Caisse des dépôts (3,9 %).

Informatique - Jeux vidéo
L'institut GfK estime que le jeu vidéo devrait générer un chiffre d'affaires de 2,9 milliards d'euros en 2015 en France, bénéficiant ainsi d’une hausse de 8% en un an. L'incursion dans les jeux sur smartphones, en forte croissance, est un enjeu important. C’est l’objectif du rachat de 6 milliards de dollars du britannique King Digital Entertainment, concepteur du célèbre jeu pour téléphone portable « Candy Crush », par l'éditeur américain Activision Blizzard. Ce dernier est encore trop dépendant de ses jeux phares, « Call of Duty » et « World of Warcraft ». Suite à son association avec le spécialiste des jeux sur mobiles, DeNA, Nintendo investit également ce créneau. Le groupe japonais a dévoilé son tout premier jeu pour téléphones et tablettes, baptisé Miitomo. Il devrait sortir au Japon vers mars / avril 2016.