Zurich (awp) - UBS a continué à pâtir au troisième trimestre de la frilosité des clients et de marchés financiers peu favorables. Surtout, elle n'a pas pu compter sur l'important crédit d'impôts qui avait provoqué une envolée du bénéfice un an plus tôt. La banque d'affaires accuse toujours des signes de faiblesse, alors que le bilan dans la gestion de fortune s'avère moins mitigé.

Le bénéfice net trimestriel s'est inscrit à 827 mio CHF, soit un plongeon de 60% sur un an, indique l'établissement zurichois vendredi. Le groupe bancaire avait bénéficié au troisième trimestre 2015 d'un crédit d'impôt de 1,3 mrd. La charge fiscale, d'un montant de 49 mio entre juillet et septembre 2016, explique cette fonte du résultat.

La facture d'impôts d'UBS aurait toutefois pu être plus salée. UBS a comptabilisé un crédit d'impôt "anticipé", sur la base de prévisions ajustées après 2016. Cette somme s'est élevée à 424 mio CHF, grâce exclusivement aux Etats-Unis.

"Nous avons fourni une solide performance dans nos activités, malgré des variations saisonnières et des vents contraires macroéconomiques, géopolitiques et sur les marchés", affirme le directeur général (CEO) Sergio Ermotti, cité dans le communiqué.

PRÉVISION MANQUÉE

Le bénéfice net a légèrement manqué les prévisions du consensus, contrairement au résultat avant impôts. Cet indicateur a bondi de 11% à 877 mio CHF, dépassant les attentes des analystes les plus optimistes. Le bénéfice avant impôts ajusté a culminé à 1,3 mrd, en progression d'un tiers. Une évolution positive, malgré des coûts de restructuration de 444 mio.

Ces dépenses devraient d'ailleurs continuer à augmenter, a expliqué le directeur financier (CFO) Kirt Gardner lors d'une conférence téléphonique. "Les coûts pourraient demeurer à un niveau élevé et s'étaler sur les prochains trimestres, respectivement jusqu'à fin 2017." Par période, il se situeront entre 300 et 400 mio CHF.

Jusqu'ici, les prévisions en la matière s'établissaient à 3 mrd CHF pour la période 2015-2017. Les nouvelles estimations placent ces dépenses à quelque 4 mrd d'ici fin 2017, pour 2,3 mrd comptabilisés à fin septembre de cette année. Cette hausse s'explique par l'inflation réglementaire et les nouvelles restrictions que celle-ci impose, selon le CFO.

Le produit d'exploitation s'est inscrit en recul de 2% à 7,03 mrd CHF, à un niveau largement supérieur à celui prévu par les analystes. Les charges ont été allégées de 4% à 6,15 mrd. Les efforts du numéro un bancaire helvétique ont permis d'économiser 1,5 mrd à fin septembre, contre 1,4 mrd au terme du premier semestre. L'établissement zurichois vise un réduction des coûts de 2,1 mrd à fin 2017.

Toutes les divisions affichent un résultat avant impôts en recul, à la notable exception de l'unité de gestion de fortune (WM) Amériques. La banque d'affaires a clairement pâti des conditions actuelles sur les marchés financiers, couplées à une aversion au risque des clients qui ont fait chuter les transactions.

Les actifs pondérés au risque (RWA) sont restés stables pour ces activités, à 65 mrd. Les RWA totaux ont atteint 216,8 mrd CHF, en hausse de 3 mrd en comparaison trimestrielle.

DES AFFLUX TOUS AZIMUTS

A l'échelle du groupe, la masse sous gestion s'est étoffée de 2,6% à 2747 mrd CHF, sur trois mois. Les deux divisions en charge de la gestion de fortune ont bénéficié d'entrées nettes d'argent.

L'unité WM, hors Etats-Unis, a affiché un afflux de 9,4 mrd CHF. La marge brute de ces activités s'est toutefois péjorée de points de base (pb) à 76 pb. La marge nette a connu une amélioration. La division WM Amériques a accueilli 0,8 mrd CHF d'argent frais.

Malgré un environnement de taux négatifs, la division Personal & Corporate Banking, regroupant les affaires avec la clientèle privée et commerciale suisse, a augmenté ses recettes et diminué ses charges.

Au 30 septembre, le ratio de fonds propres durs, selon la norme Bâle III entièrement appliquée, a cédé deux points de pourcentage (pp) sur trois mois, à 14,0%. Le ratio de levier s'est fixé à 3,45%.

UBS prévoit la poursuite de conditions difficiles dans un avenir proche.

Les investisseurs réservaient un bon accueil à ces résultats. Vers 12h45, la nominative UBS prenait 1,2% à 14,09 CHF, à contre-courant d'un SMI en recul de 0,11%.

Les analystes se montrent réservés au moment de commenter cette série de chiffres. La Banque cantonale de Zurich (ZKB) salue les progrès réalisés en termes d'économie et préconise des coupes supplémentaires afin de tenir l'objectif. Bernstein entonne le même refrain.

Les critiques se concentrent sur les ratios de fonds propres, de levier - pour Deutsche Bank et Bernstein - et sur l'érosion de la marge brute dans la gestion de fortune, pour Credit Suisse.

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