actualise avec communiqué de la BMPS, déclaration de Falciai

MILAN (awp/afp) - La Banque centrale européenne a rejeté vendredi la demande de délai déposée par la banque italienne BMPS pour mener son augmentation de capital dans le cadre de son plan de sauvetage, selon les agences italiennes, rendant plus probable une intervention de l'Etat.

La BMPS, plus vieil établissement financier de la planète, est le maillon faible du système bancaire italien, dont la fragilité inquiète les marchés.

A la suite de cette information, le titre de la Monte dei Paschi di Siena (BMPS) a fini en recul de 10,55% à 19,5 euros. Toutes les valeurs bancaires étaient en berne, dont BPM (-4,32%), Banco Popolare (-3,93%) et UniCredit (-2,34%).

Interrogée par l'AFP, la BCE s'est refusée à tout commentaire sur cette information, qui pourrait encore aggraver la crise bancaire dans la péninsule.

Dans un communiqué publié dans la soirée, à l'issue d'un conseil d'administration, la BMPS a indiqué "ne pas avoir reçu d'information de la part de la BCE", soulignant qu'elle suivrait le processus engagé.

"Nous sauverons de façon certaine le Monte", a déclaré pour sa part le président de la banque, Alessandro Falciai.

Si le non de la BCE était confirmé, cela compromettrait le plan de sauvetage avec recours au marché. On se dirigerait vers un soutien de l'Etat, via "une recapitalisation préventive", qui implique une mise à contribution des détenteurs de titres.

La troisième banque italienne avait demandé mercredi à la BCE un délai jusqu'au 20 janvier --au lieu du 31 décembre-- pour mener son augmentation de capital, dans un contexte rendu compliqué par l'instabilité politique créée par la démission du chef du gouvernement, Matteo Renzi.

La Monte a affiché les pires résultats aux tests de résistance publiés fin juillet par l'Autorité bancaire européenne.

Pour redresser la situation, BMPS, dont le titre a chuté de plus de 80% depuis début 2016, a lancé un vaste plan de sauvetage prévoyant la cession de 27,6 milliards de créances douteuses et une augmentation de capital pouvant aller jusqu'à 5 milliards d'euros.

Le premier acte de ce plan, une opération de conversion volontaire d'obligations en actions, a déjà permis de récolter plus d'un milliard d'euros. Mais il reste 4 milliards d'euros à trouver.

- Protéger les petits épargnants -

L'augmentation de capital proprement dite devait être lancée mercredi ou jeudi derniers, selon le plan annoncé par la banque en novembre.

Mais l'instabilité politique générée par la victoire dimanche du non au référendum constitutionnel a refroidi les potentiels investisseurs, dont le fonds du Qatar Qia, avec qui la banque négocie une mise d'un milliard d'euros.

La banque souhaitait utiliser le délai, avec la mise en place d'un nouveau gouvernement, pour rassurer les investisseurs. Le marché espère la nomination du ministre sortant de l'Economie, Pier Carlo Padoan à la place de M. Renzi.

Mais 20 jours supplémentaires n'auraient "rien changé", estime Carlo Alberto Carnevale Maffè, professeur à l'Université Bocconi de Milan, pour qui la décision de la BCE est "correcte car l'Europe doit faire respecter les règles" pour "crédibiliser" l'Union bancaire.

La BMPS n'est "pas en faillite", mais a "besoin d'être renforcée", selon lui: "elle a une rentabilité opérationnelle acceptable, mais a un problème de capital" à cause des créances douteuses.

L'aide de l'Etat se ferait via "une recapitalisation préventive", mais le gouvernement cherche à préserver les petits épargnants, alors que de nombreux Italiens ont acquis des obligations subordonnées sans en connaître les risques.

Selon les nouvelles règles européennes, toute aide à une banque impose désormais en priorité une mise à contribution des actionnaires et détenteurs d'obligations subordonnées.

Pour protéger les petits épargnants, le gouvernement réfléchirait à racheter leurs obligations pour les convertir en actions. Une autre option serait la conversion de toutes les obligations en actions et un remboursement ensuite d'une partie des titres des particuliers.

La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a déclaré jeudi qu'il existait en effet, selon les règles européennes, la possibilité "pour les gouvernements de compenser des ventes abusives".

Le système bancaire italien est dans l'oeil du cyclone, en raison de son éclatement avec la présence de quelque 700 établissements différents, de l'importance des créances douteuses dans son porte-feuille (360 milliards d'euros, soit près d'un tiers de la zone euro) et de problèmes de capitalisation.

Et vendredi, l'agence de notation Moody's a enfoncé le clou en indiquant envisager d'abaisser la note de sept banques et établissements financiers italiens, après avoir émis un avis similaire sur la dette du pays.

cco/pb