MARSEILLE, 12 novembre (Reuters) - Le tribunal de commerce de Marseille se prononcera vendredi sur l'avenir de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM), qui a déposé son bilan la semaine dernière.

Le tribunal a réuni mercredi à huis clos les avocats de la direction et des salariés de l'entreprise et doit rendre public vendredi une décision déterminante pour la compagnie maritime, qui assure notamment la desserte avec la Corse.

Dans l'hypothèse la plus probable, la chambre du conseil pourrait se prononcer pour une procédure de redressement judiciaire, ouvrant une période d'observation de six mois maximum, renouvelable une fois, pendant laquelle la compagnie poursuivrait ses activités.

Cette "période de diagnostic" doit permettre à un ou plusieurs administrateurs judiciaires d'établir "les capacités financières de l'entreprise et d'en étudier les axes possibles de redressement", ce qui inclut la recherche d'un repreneur.

Dans le cas de la SNCM, le redressement judiciaire devrait s'achever par une cession totale ou partielle de la structure à des tiers, ou par une liquidation, puisque la troisième possibilité, un plan de redressement économique, apparaît peu réaliste.

L'état de cessation de paiement de l'entreprise est effectif depuis que l'actionnaire majoritaire Trandev, coentreprise entre Veolia et la Caisse des dépôts, a réclamé le remboursement de 117 millions d'euros d'avances de trésorerie que la compagnie ne peut acquitter.

La CGT, qui évoque un "scandale d'Etat", a mobilisé mercredi près de 300 salariés aux abords du palais de justice pour dénoncer la procédure judiciaire.

Selon les syndicats, celle-ci ne permettra pas forcément de purger le passif de 440 millions d'euros d'aides d'Etat jugées illégales par l'Union européenne et que la compagnie doit rembourser, et de faciliter ainsi la recherche d'un repreneur.

"Le tribunal peut permettre de tout mettre sur la table, ce qui n'est pas le cas actuellement dans ce dossier", a toutefois affirmé en marge de l'audience le délégué CGT, Yann Pantel.

Le placement de l'entreprise sous la protection de la justice ne garantit pas davantage la transmission à un éventuel repreneur de la délégation de service publique (DSP) dont bénéficie la SNCM dans le cadre des liaisons avec la Corse.

La SNCM emploie 1.508 salariés en CDI, environ 400 salariés réguliers en CDD et de 300 à 500 saisonniers. La sous-traitance représente 1.200 emplois induits à Marseille et 800 en Corse.

(Jean-François Rosnoblet, édité par Grégory Blachier)