Paris (awp/afp) - Veolia va enfin pouvoir se désengager du capital de l'opérateur de transport en commun Transdev, codétenu à parité avec la Caisse des dépôts (CDC) et dont il souhaite sortir depuis des années, grâce à un accord prévoyant une prise de contrôle exclusif par la CDC d'ici la fin de l'année.

Les deux coactionnaires de Transdev (bus, cars Isilines et Eurolines, etc...) sont parvenus vendredi à un accord qui permettrait à la CDC de racheter d'ici fin 2016 pour 220 millions d'euros une participation de 20% détenue par Veolia dans la société de transports.

"A l'issue de cette opération, la Caisse des Dépôts détiendrait ainsi 70% du capital de Transdev et en prendrait le contrôle exclusif, tandis que Veolia conserverait, à titre transitoire, 30% du capital", selon un communiqué des deux signataires.

Dans un second temps, l'accord prévoit que Veolia et la CDC cherchent "un nouvel actionnaire désireux d'acquérir le solde de la participation de Veolia (30%)", selon le communiqué.

A défaut de céder cette participation résiduelle à un tiers, au bout de deux ans, le géant de l'eau et des déchets pourrait faire valoir "une option de vente à l'endroit de la Caisse des Dépôts, au prix de la valorisation initiale" et celle-ci "disposerait d'une option d'achat au même prix", précisent les deux partenaires.

La participation de 50% de Veolia dans Transdev a ainsi été valorisée à 550 millions d'euros.

Fin 2015, Veolia la valorisait à 435,7 millions dans son document de référence.

L'accord signé vendredi vise ainsi à organiser son désengagement du capital de l'opérateur de transports en commun, qui a plus que triplé son bénéfice en 2015 (82 millions d'euros), après un plan de redressement de trois ans.

Veolia, qui souhaitait depuis longtemps se retirer progressivement de Transdev, s'est engagé à "soutenir le développement" du groupe "dans la durée".

Celui-ci vit depuis le début de l'été bien des bouleversements, avec l'arrivée d'un nouveau patron, Thierry Mallet, ex-directeur de l'innovation du groupe Suez, qui a remplacé début juillet l'ancien PDG Jean-Marc Janaillac, désormais à la tête d'Air France-KLM.

S'en est suivie un remodelage de l'équipe dirigeante.

Transdev, qui a transporté 3,5 milliards de passagers en 2015 et compte 83.000 collaborateurs a lancé au début de l'année un nouveau projet d'entreprise baptisé "Transdev 2020".

Ce plan repose notamment sur l'amélioration de la compétitivité et de la performance commerciale, comportant aussi une large place aux "nouvelles formes de mobilités fortement digitalisées".

Les objectifs inclus dans ce plan visent un chiffre d'affaires de 8,5 milliards d'euros en 2020, contre 6,6 milliards l'an dernier.

- Veolia souhaite sortir de longue date -

Veolia, qui a cédé des pans entiers de ses activités ces dernières années et s'est retiré de plusieurs pays pour réduire son endettement, souhaitait depuis longtemps se retirer progressivement de Transdev.

Dans un rapport publié en février, la Cour des comptes avait qualifié d'"échec économique et financier à court terme" la fusion entre Transdev et Veolia Transport, finalisée en 2011.

Début mai, son PDG Antoine Frérot avait réitéré sa volonté de sortir totalement de Transdev.

"Ce que j'espère, c'est de trouver un agrément avec la Caisse des dépôts (CDC) d'ici la fin de l'année, avec une première réalisation d'une partie d'ici la fin de l'année", et le reste "dans les maximum un ou deux ans qui suivent, mais avec un engagement ferme et à prix défini" dès 2016, avait-il dit.

Les deux coactionnaires avaient déjà trouvé un accord en octobre 2012 pour faire monter CDC à 60% de Transdev. Mais il avait été rendu caduc à cause des problèmes de la compagnie maritime SNCM, dont Transdev était actionnaire à 66%.

Placée en redressement judiciaire en novembre 2014, la SNCM a été reprise par le groupe corse Rocca à la suite d'un jugement du tribunal de commerce de Marseille rendu le 20 novembre 2015.

La compagnie maritime a été rebaptisée Maritima Ferries début janvier 2016.

Quelques semaines après avoir été désigné repreneur de la SNCM, l'entrepreneur corse Patrick Rocca avait cédé ses parts au consortium Corsica Maritima, qui était lui aussi candidat à la reprise, mais dont le dossier avait été écarté par le tribunal de commerce de Marseille.

Les syndicats s'étaient insurgés contre cette vente, le Comité d'entreprise (CE) engageant même une action judiciaire, avant de se désister de cette action mi-juillet.

afp/rp