(Actualisé avec réactions locales)

PARIS, 27 août (Reuters) - Manuel Valls a promis à des responsables écologistes que l'aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, ne se ferait pas mais qu'il ne pouvait pas l'annoncer publiquement, a déclaré mercredi Daniel Cohn-Bendit.

Dans sa chronique matinale sur Europe 1, l'ex-dirigeant Vert est revenu sur les négociations entre des écologistes et le Premier ministre pour un retour - qui n'a finalement pas eu lieu - de ces derniers au sein du gouvernement Valls 2.

"Il y avait des écolos prêts à braver les fatwas du parti" pour entrer au gouvernement", a-t-il raconté. Mais Manuel Valls aurait dit au négociateur "Jean-Vincent Placé, pour ne pas le nommer : 'écoute, cet aéroport on ne le fera pas, il est trop cher, il est d'un autre temps, mais on ne peut pas le dire publiquement parce que je ne peux pas froisser mon prédécesseur Jean-Marc Ayrault'", qui soutient le projet.

L'ancien co-président du groupe des Verts au Parlement européen a jugé "aberrant" que Manuel Valls n'ait pu donner publiquement ce symbole dont les écologistes auraient eu besoin pour pouvoir revenir au gouvernement.

Selon lui, le couple Valls-Hollande avait besoin d'élargir sa majorité après le départ des frondeurs du gouvernement et aurait pu faire preuve "d'écoréalisme".

Sur Twitter, Jean-Vincent Placé n'a ni infirmé, ni confirmé l'information, précisant qu'il ne rapportait pas ses échanges avec le Premier ministre ou le président de la République.

INQUIÉTUDES RÉGIONALES

Jacques Auxiette, président socialiste du conseil régional des Pays-de-la-Loire, s'est refusé mercredi, dans un communiqué, à "commenter les 'on-m'a-dit-que' rapportés ce matin sur une radio nationale par un chroniqueur partisan".

L'UMP régionale, elle aussi favorable au projet d'aéroport, s'alarme néanmoins de ces échos inquiétants.

"Il ne faut pas laisser les écologistes détruire ce grand équipement régional utile pour le développement du grand Ouest", a-t-il dit. "Alors que la barre des 500.000 chômeurs de plus depuis 2012 vient d'être franchie, les Verts, fossoyeurs du BTP (...), poursuivent leur entreprise de destruction massive de l'emploi dans la région des Pays-de-la-Loire, avec la complicité des socialistes."

Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes défendu par l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui fut maire de Nantes, est pour l'instant suspendu aux recours déposés en justice par les opposants, qui ont violemment manifesté pour s'opposer aux début des travaux.

La Commission européenne a adressé en avril dernier une mise en demeure à la France en raison de l'absence de certaines évaluations d'impact environnemental.

Selon Aéroports du grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci et concessionnaire du projet, les travaux de construction du futur aéroport devraient créer 4.000 emplois. La future plate-forme devrait elle employer 2.500 personnes, soit 500 de plus que l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique.

Une "clause" est prévue dans le contrat de concession pour indemniser les porteurs du projet en cas d'abandon, mais son montant n'a jamais été révélé. (Gérard Bon, avec Guillaume Frouin à Nantes, édité par Yves Clarisse)