VINCI : La suppression de l'écotaxe pèse sur VINCI et EIFFAGE
Le 10 octobre 2014 à 11:20
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Ségolène Royal a semé le trouble dans le secteur des concessionnaires autoroutier ce vendredi après l'annonce hier de la suspension sine die du projet d'écotaxe. La ministre de l'Ecologie a en effet ajouté à cette déclaration qu'elle estimait qu'un "prélèvement du profit des autoroutes" était sa priorité pour compenser le manque à gagner lié à ce qui ressemble fortement, selon les analystes, à l'abandon pur et simple de la nouvelle mouture de la taxe tant décriée. Ce vendredi, Eiffage abandonne ainsi 3,11% à 38,28 euros et Vinci cède 1,65% à 42,55 euros.
L'opposition des chauffeurs routiers et les difficultés à mettre en place le calcul et le prélèvement de l'écotaxe ont donc une nouvelle fois eu raison de celle-ci, au grand dam des partis écologistes. Mais l'alternative envisagée, c'est-à-dire la ponction d'une part des revenus des sociétés de concession autoroutières comme Vinci ou Eiffage-APRR dont Ségolène Royal a qualifié les revenus de "choquants", risque de se répercuter en fin de parcours sur l'usager.
Comme s'accordent à le dire les analystes ce vendredi, c'est en effet sur les tarifs des péages qu'un tel prélèvement se fera vraisemblablement sentir. Aurel indique d'ailleurs que le ministre des Finances Michel Sapin a signalé ce fait jeudi, et ajoute que les groupes de concessions s'acquittent déjà de la redevance domaniale (en hausse de 50% en 2013) et de la taxe d'aménagement du territoire qui pèsent par exemple à hauteur de 270 millions d'euros environ en 2014 pour APRR, soit 13% du chiffre d'affaires. Il voit en revanche dans la baisse des cours des titres des concessionnaires de bonnes opportunités d'investissement. Il reste à l'achat sur Eiffage et Vinci avec des objectifs de cours respectifs de 60 et 57 euros.
De son côté, Bryan Garnier a maintenu sa recommandation Neutre sur Vinci et Eiffage, avec des objectifs de cours respectifs de 53 et 50 euros dans une note sur le secteur. Même s'il estime qu'il y aura des compensations, il anticipe un effet négatif de 4 euros sur le titre Vinci et de 6 euros sur celui d'Eiffage si ce n'est pas le cas.
CM-CIC argue pour sa part que les deux groupes sont protégés par des textes de lois précis "qui s'imposent à la puissance publique quelle qu'elle soit", faisant de la relation entre les concessionnaires et l'Etat un système "gagnant-gagnant" dans lequel un mécanisme de compensation est prévu en cas de taxes imposées aux exploitants.
Et Kepler Cheuvreux d'enfoncer le clou : les contrats passés entre les pouvoir publics et les concessionnaires depuis la privatisation du secteur il y a huit ans sont solides et leur remise en cause sans compensations risque d'être difficile. Les groupes sont soumis à certaines obligations comme des investissements en infrastructures, et reçoivent en échange des compensations sous la forme de hausses des tarifs de péage adossées à l'inflation.
VINCI est le n° 1 mondial des prestations de construction, de concessions et de services associés. Le CA (avant éliminations intragroupe) par activité se répartit comme suit :
- conception et construction d'ouvrages (44,7% ; VINCI Construction) : notamment dans les domaines du bâtiment, du génie civil et de l'hydraulique. Par ailleurs, le groupe développe une activité de construction, de rénovation et d'entretien d'infrastructures de transport (routes, autoroutes et voies ferrées ; Eurovia), de production de granulats (n° 1 français) et d'aménagement urbain ;
- conception, réalisation et maintenance d'infrastructures d'énergies et de télécoms (36,7% ; VINCI Energies et Cobra IS) ;
- gestion déléguée d'infrastructures (16,8% ; VINCI Concessions) : principalement gestion de routes et d'autoroutes (notamment à travers Autoroutes du Sud de la France et Cofiroute), de parcs de stationnement et d'aéroports ;
- autres (1,8%) : notamment promotion immobilière (immobilier résidentiel, immobilier d'entreprise, résidences gérées et services immobiliers).
La répartition géographique du CA est la suivante : France (43%), Royaume Uni (8,6%), Allemagne (7%), Espagne (5%), Europe (13,6%), Amérique du Nord (7,8%), Amérique centrale et du Sud (6,3%), Océanie (3,7%), Afrique (2,7%) et Asie et Moyen-Orient (2,3%).