Le deuxième pôle de Vinci par le chiffre d'affaires, derrière la construction, a engrangé depuis le début de l'année 450 millions d'euros de chiffre d'affaires additionnel grâce à 17 acquisitions petites et moyennes. La croissance externe a largement aidé l'ex-GTIE à passer de trois milliards d'euros de revenus en 2000 à 10,2 milliards en 2016.

"Nos marchés restent à travers le monde très fragmentés. Dans nos domaines d'activité, le champ de consolidation est encore très important", a déclaré Yves Meignié, PDG de Vinci Energies, dans une interview à Reuters.

"Ce n'est pas le nombre d'opportunités de consolider qui manquent. Dans tous les cas, les opérations de croissance externe doivent respecter notre rythme d'intégration et notre culture."

Vinci Energies ne se voit pas en effet comme un Pacman qui dévorerait des entreprises l'une après l'autre mais plutôt comme un agrégateur de compétences au sein d'un réseau très décentralisé de 1.600 entités aujourd'hui.

Prié de dire si son groupe était susceptible de plus que doubler à nouveau son chiffre d'affaires en quinze ans, Yves Meignié a répondu que c'était chose possible.

"Nous pouvons très bien continuer sur cette tendance", a-t-il dit.

Les infrastructures d'énergie deviendraient alors la première branche d'activité de Vinci, devant le BTP dont le rythme de croissance est traditionnellement plus lent. Yves Meignié a écarté l'idée que la filiale vole de ses propres ailes, via par exemple une introduction en Bourse, estimant que son avenir se situait au coeur du groupe Vinci.

CHAMBOULE-TOUT ÉNERGÉTIQUE ET DIGITAL

Vinci Energies se trouve à la croisée de quatre secteurs qui ont tous le vent en poupe.

Les infrastructures, puisque l'essor des énergies renouvelables va considérablement modifier les réseaux électriques ; l'industrie, où le digital permet des automatisations plus poussées ; le 'facility management' ou gestion globale des fonctionnalités d'un immeuble de bureaux, la plupart du temps externalisé à un tiers ; les technologies de l'information et de la communication, avec le boom du 'cloud' et du wifi.

"Nos quatre grands domaines d'activités sont au coeur des enjeux actuels liés aux transitions énergétiques et digitales, ce que j'appelle familièrement 'le grand chamboule-tout'", a déclaré Yves Meignié.

Vinci Energies a notamment racheté le français Cegelec en 2010, la division IT du néerlandais Imtech en 2014 et le spécialiste brésilien des infrastructures d'énergie et de transport Orteng en 2015.

En Allemagne, pays engagé dans une profonde mutation énergétique depuis sa décision de sortir du nucléaire après la catastrophe de Fukushima, la filiale de Vinci a repris GA Gruppe en 2012, devenant ainsi le numéro deux allemand des infrastructures d'énergie et l'un des principaux employeurs français outre-Rhin avec plus de 10.000 salariés.

Vinci Energies s'occupe par exemple des systèmes informatiques de la chaîne de magasins allemands Spar. Aux Pays-Bas, il a installé le réseau IT du stade du club de football PSV Eindhoven et, en France, le wifi dans un grand nombre de magasins Carrefour.

Les infrastructures d'énergie en Allemagne intéressent beaucoup les spécialistes français. Quatre ans après GA Gruppe, en 2016, le numéro un allemand du secteur SAG a été racheté par un concurrent français de Vinci Energies, le groupe Spie.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Gilles Guillaume et Geert De Clercq

Valeurs citées dans l'article : Vinci, SPIE